Le mois de toutes les luttes

Le 11 novembre, c’était la célébration du traité d’Armistice, qui signe la fin de la première guerre mondiale de 1914-1918. Mais en tant que femmes, novembre, c’est justement le mois où l’on sort les armes. Pour autant que le mois de mars est important dans l’univers féministe, novembre n’est pas en reste. Retour sur quelques dates importantes (pour briller en société).

Le 6 novembre 2023

À partir de 11h25, en France, les femmes auraient commencé à travailler gratuitement et ce, jusqu’à la fin de l’année, selon le communiqué de presse des Glorieuses. Cette heure et cette date n’ont pas été établies de manière aléatoire : elles ont été calculées à partir de statistiques européennes sur l’écart de salaire entre les femmes et les hommes en France, qui équivaut à 15.4% de moins. 

En Belgique, selon l’Echo, l’écart salarial se situerait aux alentours de 1,2% de plus pour les hommes. Dans le cadre de ce calcul effectué par l’Organisation de coopération et développement économiques, la mesure serait faite sur le salaire médian pour un emploi à temps plein. La lauréate du prix Nobel d’Économie en 2023, Claudia Goldin, quant à elle, considère que l’écart salarial entre hommes et femmes en Belgique serait de 5%. Ce qui expliquerait cette différence selon elle, c’est davantage parce que “les femmes ne parviennent pas à atteindre les postes les plus rémunérateurs puisque ce sont majoritairement les femmes qui choisissent les métiers et les postes qui permettent d’être à la maison le matin, en fin d’après-midi et le week-end, de telle manière à pouvoir s’occuper des enfants.”

L’idée, ça n’est pas de vous assommer avec des statistiques et des chiffres. Même si elle reste assez arbitraire selon certain.e.s, il n’en reste pas moins que l’écart salarial existe encore aujourd’hui. Le 6 novembre n’est peut-être pas une date à marquer d’une pierre blanche dans votre calendrier mais ça reste un pense bête concernant les inégalités encore présentes aujourd’hui. 

Le 11 novembre 2023

En 1972, des membres du tout nouveau Comité de Concertation des Femmes belges se rendent à Paris dans le cadre d’une journée de la femme, créé par le Mouvement de Libération des Femmes. Le MLF est notamment connu, dans les années 70, pour son combat pour l’avortement “libre et gratuit”. C’est d’ailleurs grâce à ce mouvement et avec l’aide de Simone Veil que sera promulguée la loi de dépénalisation de l’avortement en France. Les belges s’inspirent donc de cette atmosphère de manifestation pour créer leur propre événement en Belgique. 

Pour cela, elles vont faire appel à la célèbre Simone de Beauvoir, autrice du “Deuxième Sexe”. Qu’on aime ou non le personnage de la fameuse philosophe, on ne peut nier son importance pour la cause féministe. Dans le cas du 11 novembre 1972, elle a notamment joué un grand rôle grâce à sa renommée. Le Comité de Concertation l’invite à la première édition belge de la journée de la femme, qui se déroula au Passage 44 à Bruxelles. Le plus étonnant ? Le choix du 11 novembre s’est posé par pur hasard : c’était le seul jour de libre dans l’agenda overbooké de la célèbre autrice. Le genre de coup de pouce poétique du destin qu’on apprécie. 

Ce jour-là, plus de huit milles personnes viennent dénoncer l’oppression des femmes. Au programme, des conversations, des discours, des témoignages. Quatre ans plus tard, se tenait, au même endroit, une autre manifestation pour le droit des femmes à avoir recours à l’avortement. Aujourd’hui, ce passage n’est plus que l’ombre de lui-même mais à l’époque, il était “the place to be feminist”. 

Pour autant qu’on la célèbre peu en Wallonie, les Flamandes n’ont jamais cessé de fêter le 11 novembre comme une date féministe importante. En 2018, par exemple, la 47ème édition de la Journée nationale des femmes se passait à Bruxelles et on y abordait les questions de harcèlement, en rue ou au travail, ainsi que le lien entre féminisme et antiracisme. On y abordait la notion de féminisme intersectionnel et chacune pouvait échanger son ressenti sur la double oppression qu’est d’être femme et d’être racisée. Hannah Helseth, sociologue norvégienne, est même venue y présenter un nouveau manuel pratique anti-harcèlement. 

Si, en Chine, le 11/11 est à la journée mondiale des célibataires (le chiffre “1” étant synonyme d’individualité) et qu’ils voient en cette date une sorte de pied de nez au célibat, les féministes préfèrent voir ce jour comme une célébration de leurs droits et de leurs luttes. C’est l’occasion de faire un bilan sur la situation des femmes dans la société et de revendiquer plus d’égalité. Diverses associations et communautés de femmes militantes organisent des manifestations un peu partout dans le monde. L’objectif est de faire aboutir leurs revendications et d’améliorer les conditions de vie des femmes.

Le 25 novembre 2023

Depuis 1999, l’Organisation des Nations Unies a promulgué le 25 novembre comme journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes. Cette date n’a pas été choisie au hasard. En effet,  elle a été retenue en mémoire aux trois sœurs Mirabal – Patria, Minerva et Maria Teresa – surnommées les “Mariposas” alias “Les papillons”. Ce sont trois militantes dominicaines qui ont été brutalement assassinées en 1960 sur les ordres du chef d’État, Rafael Trujillo, en raison de leur lutte contre le pouvoir dictatorial du pays. On commémore leur mémoire encore aujourd’hui, notamment via le billet de 200 pesos en République Dominicaine. 

A travers les Mariposas, ce que l’on rappelle, ce sont surtout toutes ces femmes victimes de violence parce que femmes. L’ONU invite donc les gouvernements, les organisations internationales et les organisations non gouvernementales à planifier ce jour-là des activités conçues pour sensibiliser l’opinion au sujet des violences faites aux femmes. 

Le 20 novembre est également la journée internationale des droits de l’enfant. Quand on sait que 85% des victimes de violences sexuelles durant l’enfance sont des filles, on se dit qu’il y a encore beaucoup de droits des femmes qui ne sont pas respectés. L’ONU précise notamment que : “la violence à l’égard des femmes et des filles constitue l’une des violations des droits humains les plus répandues, les plus persistantes et les plus dévastatrices dans le monde.” Ces violences peuvent prendre différentes formes; coups, violences psychologiques, viol, féminicide, agressions sexuelles, avances sexuelles non désirées, abus sexuel sur enfants, mariage forcé, harcèlement de rue, cyber-harcèlement, esclavage, exploitation sexuelle, mutiliation génitale, trafic d’êtres humains, harcèlement criminel, etc.

Pour agir ensemble, l’organisme français Nous Toutes propose notamment une mappemonde indiquant les lieux de toutes les manifestations possibles. À Bruxelles, l’association Mirabal organise la manifestation qui se déroule le 26 novembre à 14h à partir du Carrefour de l’Europe. Les membres de nicol.e y seront, n’hésitez pas à nous y rejoindre. Plus on est de folles, plus on se fait entendre. 

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