Il y a quelques jours, j’ai vécu une situation qui m’a d’abord fait lever les yeux au ciel, puis profondément réfléchir. Sur les réseaux sociaux, un homme est intervenu sous l’un de mes posts pour m’expliquer un sujet… qui fait partie de mon cœur de métier. Avec un ton condescendant, il m’a « éclairée » sur des points que je maîtrise parfaitement, tout en remettant subtilement en question mes compétences.
Sur le moment, j’ai hésité entre répondre avec humour, ignorer ou m’indigner. Finalement, j’ai choisi d’en parler ici, car cette expérience porte un nom bien connu : le mansplaining. Et derrière cette anecdote se cache un problème bien plus large qu’un simple commentaire maladroit.
Le mansplaining, c’est quoi exactement ?
Le terme « mansplaining » est un mot-valise né de la contraction de man (homme) et explaining (expliquer). Popularisé par l’écrivaine Rebecca Solnit dans son livre Men Explain Things to Me, il désigne une situation où un homme explique quelque chose à une femme de manière condescendante, souvent sans avoir les compétences nécessaires, et en supposant qu’elle n’y connaît rien.
En clair : c’est une explication non sollicitée, teintée de supériorité, qui part du principe (souvent implicite) que la femme en face n’a pas ou peu de légitimité sur le sujet.
Le mansplaining, ça vient d’où ?
Le mansplaining n’est pas qu’une simple maladresse ou une question d’égo individuel. Il s’inscrit dans un cadre plus large : celui de la domination patriarcale. Pendant des siècles, les femmes ont été tenues à l’écart des sphères d’éducation, de pouvoir et de décision. Cela a laissé des traces dans nos mentalités collectives, où l’expertise féminine est encore souvent vue comme « moins crédible ».
Ce phénomène est renforcé par des biais inconscients :
- – Les femmes doivent constamment prouver leur légitimité : un homme est souvent perçu comme compétent par défaut, alors qu’une femme doit « faire ses preuves ».
- – Les femmes sont socialisées à éviter les conflits : face au mansplaining, elles
préfèrent souvent se taire ou sourire pour éviter une confrontation. - – La parole masculine est valorisée : il est encore courant que les hommes occupent
plus d’espace dans les conversations, surtout dans des environnements mixtes.
Le mansplaining, ça vient d’où ?
Au-delà de l’agacement qu’il provoque, le mansplaining est un moyen insidieux de diminuer la
confiance et la crédibilité des femmes. Je vous explique pourquoi :
- – Il invisibilise les compétences : quand un homme interrompt ou corrige une femme
sur un sujet qu’elle maîtrise, il envoie un message implicite : « Tu n’es pas à la hauteur. » - – Il maintient des rapports de pouvoir : le mansplaining n’est pas neutre. C’est un moyen de prendre le contrôle de la conversation et de renforcer une position dominante.
- – Il freine les femmes dans leur carrière : quand on passe son temps à se justifier, à prouver qu’on est légitime ou à encaisser des remises en question, cela limite les opportunités de progresser ou de s’affirmer.
Comment réagir face au mansplaining ?
La prochaine fois que vous êtes confrontée à du mansplaining (car oui, il y aura sûrement une prochaine fois), voici quelques pistes :
- Rester factuelle : « Merci pour ton point de vue, mais en fait, c’est mon domaine d’expertise. »
- Utiliser l’humour : « Oh, je ne savais pas que tu étais expert dans mon métier, dis-m’en plus ! »
- Nommer la situation : parfois, le simple fait de dire « Je crois que tu es en train de me mansplainer » peut désamorcer les choses.
Et surtout, rappelez-vous : ce n’est pas vous le problème. Le fait d’être prise moins au sérieux n’est pas un reflet de vos compétences, mais d’un biais sociétal qu’il faut encore déconstruire.
Message à celles (et ceux) qui lisent ceci
Si vous êtes une femme et que vous vous êtes reconnue dans cette situation, sachez que vous n’êtes pas seule. Nos compétences valent autant que celles de nos homologues masculins, et il est temps de le rappeler fermement.
Si vous êtes un homme, prenez un moment pour réfléchir à la façon dont vous intervenez dans des conversations professionnelles ou personnelles. Êtes-vous sûr de ne pas être en train de mansplainer ? La clé pour déconstruire ce comportement est d’écouter, d’apprendre et de valoriser la parole des femmes.
Parce que, spoiler alert : oui, nous savons de quoi nous parlons.
Sources :
Thibaud, C., Pause Simone. Peut-on se maquiller quand on est féministe ? Femme actuelle, 7 avril 2023 : https://www.femmeactuelle.fr/actu/news-actu/pause-simone-peut-on-se-maquiller-quand-on-est-feministe-2153205
Pétry, V. Make-up. Le maquillage mis à nu. Les Peregrines, Paris, 2023.
Olson, K., Cosmetics in Roman Antiquity : Substance, Remedy, Poison, CW 102, 2009, p. 291-310.
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