9 questions qu’on n’ose pas poser à son·sa gynéco !

Beaucoup de femmes sont anxieuses à l’approche d’un rendez-vous gynécologique. Une petite voix résonne, « est-ce que je vais enfin oser demander ce qui me trotte dans la tête depuis un bon bout de temps ? » Nicole a rencontré une assistante en gynécologie exerçant dans un hôpital en région liégeoise. Par souci de confidentialité, nous utilisons un nom d’emprunt, Julie.  Nous avons décidé de lui poser des questions tabous, celles qu’on ose rarement aborder ! 

 Est-ce normal d’avoir des douleurs pendant les rapports ?

C’est possible d’avoir des douleurs ! Après, le terme normal… Qu’est-ce qui est normal finalement ? Si c’est une douleur isolée et brève ou ressentie parfois lors d’un premier rapport, nous pouvons peut-être « classifier » cela de « normal ». Cependant, si c’est quelque chose qui est récidivant à chaque rapport, nous sortons alors de la normalité. Les douleurs pendant un rapport sont appelées des dyspareunies. Nous les classons en deux types pour penser au diagnostic que l’on peut faire :

·   Dyspareunies superficielles : il s’agit de douleurs d’intromission c’est-à-dire à l’entrée, au début du rapport. 

·   Dyspareunies profondes : des douleurs présentes au niveau du fond vaginal, elles sont liées, par exemple, à l’endométriose. 

Les douleurs peuvent également provenir d’une simple mycose, d’une irritation ou d’un manque de lubrification. Il ne faut pas hésiter à consulter si le caractère est récidivant.

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Est-ce qu’il y a des douleurs plus psychologiques ? Comme le vaginisme par exemple ?

S’il y a une douleur, qu’elle soit psychologique ou non, elle est réelle pour la patiente et donc nous devons l’aider. Cela signifie qu’il y a un problème sous-jacent même si ce n’est pas forcément organique (ex : une lésion). Que ce soit psychologique ou organique, si la patiente a mal, il faut l’aider. Le vaginisme est une contraction involontaire des muscles vaginaux qui empêche la pénétration. C’est toujours difficile de savoir d’où provient le problème. Est-ce une expérience mal vécue? Est-ce que ce sont de réelles lésions? Mais dans tous les cas, il faut écouter, chercher, trouver afin d’aider au mieux la patiente. 

La libido peut-elle être liée à ma contraception ?

Lorsque que la pilule est prise, ça régule le niveau d’hormones à un même taux tout au long du cycle. Or pendant le cycle menstruel, les hormones se chamboulent et évoluent selon le moment du cycle. Les patientes n’en ont pas souvent conscience, mais il existe plusieurs phases dans le cycle menstruel. Et surprise, le désir évolue avec elles ! Je m’explique, il y a :  

·       La phase folliculaire : l’œstrogène (l’hormone féminine) est prédominante, la libido grimpe petit à petit, le corps se prépare à l’ovulation.

·       L’ovulation : le moment où l’ovule est libéré. La glaire cervicale est beaucoup plus fluide et la libido est à son pic. La nature est bien faite, n’est-ce pas ? S’il y a un rapport fécondant à ce moment-là, il y a une possibilité de tomber enceinte.

·       La phase lutéale : une fois que la femme n’est plus fertile, nous rentrons dans une phase où l’hormone de la progestérone est la plus importante et la libido chute.

·       La phase menstruelle : qu’on connait toutes ! La progestérone baisse et la libido peut ré-augmenter. Oui, on peut avoir envie de faire l’amour pendant les règles !

La pilule calme quand même l’envie, alors ?

Oui, chez certaines personnes qui y sont sensibles, la pilule peut diminuer la libido car elle réduit les hormones masculines (ex : la testostérone). En effet, ces dernières jouent un rôle sur la libido. Après, la libido est multifactorielle et nous ne pouvons pas remettre tout sur le compte de la pilule.

Je désire mettre un stérilet, mais est-ce qu’il peut gêner mon partenaire ? 

Oui, il est possible que le partenaire puisse sentir les fils pendant le rapport mais c’est rare.Si ça gêne le partenaire, la patiente revient en consultation, on recoupe les fils et il ne sent plus rien.

Lors de rapport, je mouille très peu, à quoi c’est dû ?

Il y a plein de facteurs qui peuvent influencer la lubrification du vagin : les infections, les hormones, le moment du cycle, une peur, un désir fluctuant ou si on a des soucis professionnels ou personnels. Cependant à la ménopause, les femmes ont réellement une diminution des œstrogènes ce qui entraîne une sécheresse vaginale.

Que faites-vous si une patiente vous dit que dans ses rapports elle ne mouille pas suffisamment. Quel conseil ? Le lubrifiant ?

Oui le lubrifiant ! Mais il faut s’assurer qu’il n’y a pas de problème sous-jacent comme une infection par exemple. Je n’hésite pas à réaliser des frottis bactériologiques. Sinon, il est surtout important d’écouter la patiente : Est-ce qu’il y a des problèmes dans son couple ? Comment c’était avant ? Depuis combien de temps est-ce que c’est comme ça ? Le désir est-il toujours présent ? A-t-elle des soucis personnels ?

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Mon intimité a une drôle d’odeur, dois-je consulter ?

Il existe certaines bactéries pouvant proliférer au niveau vaginal et engendrer une odeur malodorante, on appelle ça les vaginoses. La première chose à faire : en parler à sa/son gynéco et faire un frotti. Et en attendant, il est conseillé de faire une cure de probiotiques. Évidemment si une infection est avérée, il faut parfois prendre un traitement antibiotique. 

Que dire à une patiente qui n’ose pas aller chez la.le gynéco ?

Il faut savoir que quand une patiente n’a jamais eu de rapport, on ne va jamais l’examiner au niveau vaginal. Et si elle a déjà eu des rapports, la patiente a le droit de refuser. Elle peut très bien venir en consultation et dire qu’elle n’est pas prête aujourd’hui à être examinée. Le choix revient toujours à la patiente. Après, oui, il y a des choses à vérifier d’un point de vue médical : dépistage du cancer du col de l’utérus (à partir de 25 ans), vaccination, expliquer le dépistage des IST. Donc c’est quand même important de prendre un RDV, même sans être examinée pour avoir un premier contact, répondre aux questions et voir si le feeling passe.


Lors de cette entrevue, Julie pointe également quelque chose d’important : une femme en consultation n’a pas à s’excuser de ne pas s’être lavée, rasée ou d’avoir ses règles. C’est normal d’avoir ses règles, c’est normal d’avoir des pertes et si nous n’avons pas envie de nous raser, nous ne nous rasons pas. Mettons-nous en tête, il ne peut pas y avoir de tabous. S’il y en a trop, posons-nous alors la question de la confiance envers notre médecin, c’est la base à ne pas négliger.