Billet d’humeur : rions ensemble, pas les un·e·s des autres

Impossible de ne pas savoir à quoi je fais référence. Le 19 septembre, l’émission « Le Grand Cactus », diffusée par la chaîne publique Tipik, parodie le tube « 3e sexe » d’Indochine, interprétée par les comédien·nes Cécile Giroud et Damien Gillard, dans les rôles de Rahim Redcar (anciennement connu sous le nom de Christine and the Queens) et Nicola Sirkis. Le remake de la chanson, baptisée « 128e sexe », ridiculise pendant plusieurs minutes les identités de genre trans et non-binaire. Je ne vous conseille pas d’ailler voir, ça pique les yeux et les oreilles.

Depuis, de nombreuses plaintes ont été déposées au CSA (Conseil supérieur de l’audiovisuel). Face à la polémique, la RTBF a affirmé qu’il n’y avait « aucune volonté de nuire ou de cibler de façon irrespectueuse les personnes transgenres et non-binaires. Si ce contenu a heurté les sensibilités et le vécu de personnes nous le regrettons. En tant que média public nous continuerons de promouvoir la liberté d’expression et de lutter contre les discriminations ». Personnellement j’ai du mal à les croire quand on attend l’absurdité des paroles : « Garçon, fille ou thé à la menthe. Peu importe, je ne non genrée » ou encore « Et on ne comprend pubien (bis). Je suis une tranche de pain ». Rien dans le sketch ne montre une volonté de lutter contre les discriminations, il n’y a aucune volonté d’inclusion et rien n’amène à une vraie réflexion.

Pour rappel, la transphobie est un sentiment ou une manifestation de rejet, de mépris ou de haine envers les personnes ou comportements associés aux transidentités. Cela se traduit par une stigmatisation sociale à l’égard des personne trans ou considérées comme telles et des discriminations (au travail, dans l’espace public, la famille, le cercle amical, le voisinage, le monde de la santé, etc.), par des préjugés négatifs, par des agressions qu’elles soient verbales (insultes, menaces, moqueries) ou physiques (coups, blessures, viols, etc.) ou par de la violence psychologique. Les blagues transphobes tuent. Savez-vous que les personnes transgenres ont 8 fois plus de risque de commettre une tentative de suicide ?

La transphobie ça pue, c’est moche et encore plus sur une chaîne publique qui prend pour alibi la liberté d’expression. En Belgique, il existe une loi anti-discrimination qui stipule que les discours qui incitent à la haine, la discrimination ou la violence, que ce soit contre des groupes raciaux, ethniques, ou en lien avec orientation sexuelle ou identité de genre, sont interdites et punies par la loi.

Bien sûr, certain·es vont dire : « On peut rire de tout, non ? » Certes, l’humour peut être un outil merveilleux pour dénoncer les stéréotypes et pour pointer les absurdités de la société. Or, ici des personnes ont été blessées, moquées, réduites à être comparées à un thé à la menthe. Le sketch du Grand Cactus n’était pas drôle. Spoiler : c’était insultant et cruel.

Rions ensemble plutôt que les un·es contre les autres. Soyons solidaires et soutenons les personnes transgenres qui sont encore aujourd’hui l’un des groupes sociaux les plus discriminés et les plus violentés dans le monde.

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