« Oh mon dieu », « Ouiiiii », « Plus vite », « Oh c’est bon »… il existe des sempiternelles façons de rugir de plaisir. Qu’elles viennent de vous, de votre partenaire ou de vos voisin.es d’en bas, ces hululements parfois on ne peut plus bruyants font partie de la vie sexuelle de nombreuses personnes.
Dans l’imaginaire collectif, une femme qui crie est une femme qui prend du plaisir. À contrario, une femme qui ne crie pas n’éprouve aucun plaisir ou d’excitation sexuelle. Or, il est possible d’atteindre l’orgasme en toute discrétion, sans rugir de plaisir. Dans « Jouir – En quête de l’orgasme féminin », la journaliste canadienne Sarah Barmak déclare « certaines femmes crient lorsqu’elles jouissent, là où d’autres, justement, n’émettent pas le moindre bruit ». La respiration peut s’accélérer et le souffle s’alourdir certes, mais ce n’est pas forcément nécessaire de réveiller tout l’immeuble pour prendre son pied.
Là, où certaines femmes peuvent jouir en silence, ou presque sans un bruit, d’autres ont besoin d’exprimer leur plaisir pour arriver à son paroxysme. Une sorte « d’auto-encouragement » qui faciliterait le climax.
Gémir pour mener le jeu
En 2011, l’étude « Evidence to suggest that copulatory vocalizations in women are not a reflexive consequence of orgasm » portant sur 71 femmes hétérosexuelles et sexuellement actives démontrent que les femmes vocalisent leur plaisir avant et pendant l’orgasme. Mais pourquoi continuer à crier alors que le plaisir ne les concerne plus? Selon certain.es chercheurs.euses, cette dissociation entre les vocalisations et l’orgasme féminin indique qu’une partie des cris sont consciemment produits dans le but « de manipuler le comportement masculin à leur avantage ». 80% des femmes crient pour augmenter la montée de l’orgasme de leur homme, l’encourager, améliorer sa confiance en lui. Bref, c’est une façon de le guider et de le féliciter.
Toutefois, il existe aussi d’autres raisons. 66 % des femmes interrogées ont admis gémir pour que leur partenaire jouisse plus rapidement, notamment parce qu’elles ressentent de l’inconfort, de la fatigue ou de l’ennui.
Les stéréotypes sous la couette
Les gémissements lors d’un coït seraient davantage une construction sociale qu’un réflexe naturel. Très tôt, les femmes et les hommes intègrent qu’une femme gémit au lit. Le cinéma et le porno influencent les comportements sexuels des hommes…et des femmes. En France, 46% des moins de 17 ans ont déjà visionné du porno et 27% en consomment de manière régulière. Les rapports sexuels sont donc faussés. On connait toutes et tous les difficultés qu’éprouvent parfois les femmes à atteindre l’orgasme. En conséquence, nombreuses femmes simulent et font du bruit, en s’appuyant sur cette vieille croyance que le plaisir s’entend forcément…et qu’il faut flatter son ou sa partenaire.
À cela, s’ajoute le stéréotype qu’une femme qui crie trop est une chaudasse. Or, on dit d’une femme muette au lit qu’elle est coincée. La société patriarcale et les idées reçues soutiennent qu’il faut « ne pas être salope, mais faire l’amour comme un porno. Nonne multiorgasmique ». Les hommes subissent aussi des assignations sur leur genre qui les poussent à garder leurs émotions pour eux car « l’homme viril n’exprime pas ses émotions ». Bref, ce n’est jamais assez bien ou toujours trop ou pas assez.
L’audio, une nouvelle façon de prendre son pied
En pleine ère du podcast et de l’ASMR, des applications offrent des audioguides masturbatoires, des messages hots chuchotés à l’oreille, des orgasmes auditifs, des confessions érotiques ou encore des podcasts érotiques. L’écoute en immersion permet à chacun.e de se projeter, de lâcher prise et bien-sûr, de se faire plaisir solo ou à deux.
L’une des raisons pour lesquelles les hommes sont généralement plus silencieux s’explique d’ailleurs parce qu’ils aiment entendre leur partenaire gémir. En outre, certains hommes ne sont pas volontairement muets, ils sont tout simplement « concentrés sur ce qu’ils font » et sur leur plaisir.
En conclusion, les bruits sont un moyen de communiquer et de vous guider. Toutefois, rien de mieux qu’un bon debrief avec des vrais mots pour atteindre l’ogasme à deux sans pression et qui sait…peut-être à l’unison.
Photo: https://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19422757&cfilm=32035.html
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