J’ai testé l’audio porn, (et j’ai rencontré celle qui le fait)

J’ai testé l’audio porn, ou podcast érotique. Le principe est simple: sexer solo mais sans images. Il peut prendre plusieurs formes: des récits érotiques racontés dans un micro directement dans tes oreilles, des simulations de performances sexuelles ou encore des séances de masturbation guidée. Exit le porno mainstream, l’audio porn se veut inclusif, artistique et vrai.

Play. Les premières secondes sont … particulières. D’abord, de la gêne: une voix inconnue me chuchote des mots crus et fait vibrer mes oreilles, me parle de sexe, pour de vrai. Il me dit quoi faire, ce qu’il me fait, pas de sous-entendus. Puis, un sourire en coin: ça commence à m’amuser. Quelques bruitages pas suuuper réussis me font sourire, et puis je me prends au jeu. Finalement, le kiff. Je dois le développer celui-là? 

Alors voilà pourquoi tu vas changer de disque et sortir tes écouteurs pour adopter l’audio porn.

Imagination érotique

L’audio porn te prive d’un sens pourtant très fort: la vue. Au lieu de sexer les yeux bandés, c’est les yeux fermés (ou pas), l’imagination bien ouverte et tes écouteurs calés que tu vas kiffer. Ton imagination est en alerte pour créer des visages, des endroits, des odeurs, des sensations grâce aux histoires pensées spécialement pour l’audio. Tu peux aussi te laisser guider, lâcher prise et suivre les instructions des voix de Voxxx (hello Arsène) pour une masturbation guidée sans penser.

Porno inclusif

Le porno mainstream bourré de clichés et de fausses représentations? Old school, dépassé. On a vu, revu, et bien assez vu d’ailleurs des scènes de domination, soumission, violence, des rapports phallocentrées à outrance, des performances sans fin, triple éjaculation et orgasmes à répétition. L’audio porn se veut transgressif, et à mon humble avis, bien plus réaliste et proche d’une nuit enflammée à deux de sexe IRL (in real life), plus authentique et brut. Du vrai cul quoi. Voxxx, la plateforme qui cartonne en parle comme ça: « Entre la pratique de la pleine conscience et les « Jerk Off Instructions » (instructions à l’éjaculation), Voxxx est un podcast qui vous invite à des séances de masturbation guidée, imaginées spécialement pour les clitoris fiévreux et les imaginations débridées. » Franchement, t’as pas l’oreille qui frétille? 

Apprendre la masturbation

Point non négligeable, avec l’audio porn type JOI (masturbation guidée), c’est un premier pas quand on ne sait pas comment ni par ou commencer. Quand le tabou de la masturbation est encore trop ancré, c’est une façon de briser ça et de se laisser guider. (Ps: seulement si tu en as envie off course). 

Audio porn à gogo

La bonne nouvelle, c’est que l’audio porn devient de plus en plus connu et les plateformes sont de plus en plus nombreuses à en proposer. On ne présente plus (celle qui vous m’avez le plus cité!) Voxxx, mais aussi Femtasy qui propose des histoires érotiques, des sons et gémissement ou des audios guidés, ou encore Owy.

D’ailleurs j’ai rencontré Clarisse, fondatrice de Owy

Clarisse, fondatrice de Owy: J’ai monté la plateforme d’audios inclusifs et responsables Owy il y a un peu plus d’un an maintenant. C’est très vite passé d’un side project (je suis dans la communication et le marketing digital) à une activité principale.

Mon ambition avec Owy c’est de déconstruire les injonctions, de libérer de la culpabilisation et des contraintes de la société qui tournent autour de notre sexualité. On vit dans une société où le sexe est performatif, où le consentement n’est pas respecté, une société hétéro-centrée (cis-genre) avec un rôle de la femme réduit à faire plaisir à l’homme, où les corps sont normés et les scripts sexuels bien définis. Pour moi, l’audio offre de belles possibilités d’exploration de la narration. On peut donc faire des contenus à vocation d’excitation mais qui ne perpétuent pas ces injonctions.

L’audio permet de choisir les éléments que l’on souhaite décrire (en mettant d’autres de côté), laissant ainsi une plus grande inclusivité et libre cours à l’imagination des auditeur.ice.s. Par exemple, je mets des personnages non binaires dans mes fictions, (je ne donne aucun élément qui précise leur genre). Je m’interdis aussi les descriptions de corps qui vont dans le sens des corps normés (minces, blancs, valides…). J’aime bien au contraire préciser qu’il y a des poils, des courbes, des vergetures…. Et surtout je mets le consentement au coeur de chaque scène. 

L’audio permet de choisir les éléments que l’on souhaite décrire (en mettant d’autres de côté), laissant ainsi une plus grande inclusivité et libre cours à l’imagination des auditeur.ice.s.

Contrairement à ce que l’on entend, l’audio porn ou audio érotique n’est pas éthique par essence. Si on évite les dérives liées à l’exploitation des performers, il reste important d’éviter de véhiculer les mêmes stéréotypes que le porno mainstream. Pour cela, il faut apporter un soin tout particulier aux fictions dans le moindre détail pour que ce soit vraiment éthique.

J’apporte aussi une précision, je considère que je fais de l’audio porn et pas des audios érotiques. La frontière est mince: le premier est explicite et l’autre plus suggéré. Aussi, choisir de parler d’érotisme relève donc plus du positionnement marketing, car le mot porno fait peur. Le porno est un univers qui est à la fois diabolisé et tabou, avec toutes les difficultés qu’il peut y avoir pour entreprendre dans ce milieu (censure, manque de visibilité, difficultés de financement…) Il faut préciser qu’il existe du porno éthique et c’est bien cela que je défends.

L’audio porn n’est pas éthique par essence. (…) Il faut apporter un soin tout particulier aux fictions dans le moindre détail pour que ce soit vraiment éthique.

Enfin, au vu des retours très encourageants que nous avons eu (depuis les personnes qui apprécient beaucoup nos audios jusqu’à celles qui ont réussi à retrouver une intimité en post partum en passant par celles qui se sentent libérées par les sujets qu’on aborde), j’ai lancé un nouveau projet en parallèle. Il s’inscrit dans le cadre du DU santé sexuelle pour toustes que je suis actuellement à La Sorbonne (Paris).

Clarisse travaille pour l’instant au développement d’ateliers d’audio porn thérapie « afin d’aider les victimes de violences sexuelles à se ré-approprier leur sexualité. Il s’agit de les aider à créer un audio de A à Z et ce, à leur rythme et en fonction de leurs envies. Faire de mes audios une thérapie est un projet qui me tient à coeur. C’est le point central de mon engagement et c’est pour cela que je revendique faire de l’audio porn for good, pour le bien de la société.« 


Alors, convaincues? En tout cas, sur Insta vous étiez 27% à avoir déjà testé (20% à vouloir oser sauter le pas!), 29% à en avoir vaguement entendu parler et 21% à en être déjà des adeptes. À bon entendeur…

Rendez-vous mardi prochain, 8h ❤️

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