La masturbation féminine, cette douce expression qui allie le plaisir sexuel et les femmes. Cette liaison de mot n’est ni anodine, ni permise depuis longtemps. Je me suis posée la question: pourquoi mon premier rapport avec un partenaire s’est fait à l’âge de 16 ans et ma première fois en solo à … 21 ans ?
Dans la première partie de l’histoire palpitante de la masturbation féminine, on t’expliquait qu’au 19e siècle, le plaisir solo était considéré comme une maladie, un trouble qu’il fallait guérir. La masturbation était perçue comme honteuse, dangereuse et donc interdite. Les années passent et welcome au 20e siècle. Émancipation, Freud et sextoys, le plaisir solo est-il enfin devenu la star de l’histoire?
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L’émancipation grâce à la masturbation
En 1970, c’est l’heure de la revanche sur l’héritage historique bien trop lourd. Betty Dodson, une activiste féministe américaine, affirme que la masturbation féminine est un moyen d’émancipation de la femme. Pour elle, la libération sexuelle est égale à la liberté des femmes. Et ça marche!
Dell williams, avocate qui se bat pour l’émancipation des femmes et de leur sexualité, rencontre Betty à l’un de ses workshops sur la masturbation. C’est une révélation pour cette avocate engagée: elle devient la première femme à ouvrir et gérer une boutique dédiée au plaisir sexuel. Le sexshop Eve’s Garden devient une safe place pour les femmes et un endroit d’éducation sexuelle. Encore ouvert aujourd’hui, la boutique se trouve au même endroit depuis près de 48 ans: 57th Street, New York City.
Freud et le plaisir féminin (spoiler: catastrophe)
Oui, il fallait bien en parler. Dans les années 30, Freud publie sa théorie sur le clitoris et le moins que l’on puisse dire, c’est que ça fait du bruit. Un bruit tel qu’on en ressent encore les (mauvaises) ondes aujourd’hui dans notre société et surtout dans nos lits.
Alors que dit Freud? L’orgasme clitoridien serait uniquement réservé aux petites filles. Il considère le clitoris comme masculin car érectile. Quand la fillette devient femme, celle-ci l’abandonne car elle jalouse l’homme et son pénis. Elle se sent castrée car son clito n’atteint pas la taille du membre masculin. « Victime de l’envie du pénis », la honte l’envahit et elle se tourne vers son vagin. Donc Freud te dit que si tu oses te toucher le clito alors que tu as passé l’âge, honte à toi, tu as un dysfonctionnement sexuel ma grande.
Il a donc suffit qu’un homme parle au nom des femmes pour persuader le monde entier que si tu ne parviens pas à jouir par la pénétration, tu n’es pas normale. Selon une étude de 2017 réalisée aux États-Unis, seulement 1 femme sur 5 parviendrait à atteindre l’orgasme grâce à la pénétration vaginale. Petit rappel: toute les femmes sont clitoridiennes. Elles peuvent jouir de manière interne ou externe, mais le seul responsable est bel et bien notre précieux clito (qui ne fait pas loin de 10 cm). Parce que oui, le petit bouton qu’on peut voir n’est que le haut de l’iceberg. Un organe magique qui nous fait prendre notre pied sans pour autant prendre le risque de mettre la brioche au four.
Et moi dans tout ça?
Il a fallu que mon ex (avec qui j’étais encore à l’époque) plie bagage pour un Erasmus d’un an pour que je m’autorise à y penser. La logique: si lui se branle, qu’est-ce que je vais faire, moi, pendant un an?
Je me suis donc rendue chez DI, j’ai regardé honteusement où était le rayon des jouets sexuels (ça me fait penser à Titeuf, allez savoir). J’ai pris le premier que j’ai vu, le tennis man (oui c’est le nom d’un sex-toys). J’ai traversé le magasin les joues plus rouges que mon dos cramé par le soleil (vis ma peau de rousse). Je suis arrivée à la caisse avec la peur au ventre que la caissière fasse les gros yeux. Et au final… j’ai juste acheté un sextoy et rien ne s’est passé.
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L’étape de l’achat clôturée, il restait à appréhender l’engin. Après quelques essais, j’ai compris que j’avais perdu beaucoup de temps. Toutes ces années sans même y penser! Quel gâchis. Ça allait plus loin que l’apprentissage de mon Mister tennis man. Non. J’apprenais à m’écouter, à écouter mon corps et ses envies. Et wow, qu’est-ce que ça fait du bien !
Si toi aussi tu veux découvrir le plaisir solo, je ne peux que te conseiller d’écouter du porno audio. Nous on l’a testé, et c’est approuvé.
La masturbation féminine a un lourd passé. Cet article, qu’on a dû couper en deux parties, ne reprend qu’une infime partie. Et encore, j’aurais pu écrire un livre.
Je ne me rendais pas compte que cet héritage m’avait autant affectée. Je n’ai jamais connu Freud, ni même Pouillet. Et pourtant, j’ai attendu 21 ans pour m’autoriser à me toucher. Mais pourquoi? L’histoire, notre héritage, même s’ il n’est pas familial, a bel et bien un impact conséquent sur notre présent.
Je suis convaincue que pour se déconstruire, il faut d’abord comprendre la construction sociale dans laquelle on se trouve et on évolue. À travers la rédaction de cet article, j’ai compris pourquoi j’avais autant de gêne à me toucher. J’ai compris pourquoi il m’a fallu attendre le glas de mes 21 ans pour oser me passer à la casserole.
J’espère, qu’à travers la lecture de cet article, tu trouveras, d’une part, des pistes pour te déconstruire et te faire plaisir en solo et d’autre part, l’envie de créer ensemble un nouvel héritage de la masturbation féminine afin que toutes les femmes des générations suivantes se sentent libres de se masturber, elles aussi, à gogo.
Je te souhaite un bon plaisir solo.
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