Dans l’univers des relations modernes, le ghosting est devenu un phénomène tristement commun. Ce terme désigne l’acte de couper toute communication avec quelqu’un du jour au lendemain, sans explication ni avertissement, comme si la personne « disparaissait » tel un fantôme. Si cette pratique peut toucher tout le monde, elle semble résonner d’une manière particulièrement douloureuse chez les femmes. Pourquoi ce phénomène est-il si fréquent ? Et surtout, pourquoi affecte-t-il davantage les femmes ?
Le ghosting : une nouvelle arme de fuite
Le ghosting, c’est ce moment où l’on se retrouve face à un silence assourdissant. Une relation qui semblait prometteuse, une amitié en devenir, ou même une connexion professionnelle disparaît soudainement sans raison apparente. Ce mode de rupture n’offre aucune fermeture émotionnelle, aucune explication, et laisse la personne qui en est victime dans une spirale de questions sans réponse.
À l’ère des rencontres en ligne, des réseaux sociaux et des interactions numériques, le ghosting s’est propagé à une vitesse fulgurante. La possibilité de fuir une relation sans affronter l’autre personne est devenue aussi facile qu’un simple « blocage » ou un arrêt soudain des messages. Mais ce que l’on oublie souvent, c’est l’impact psychologique que cette pratique peut engendrer, en particulier chez les femmes.
Les effets psychologiques du ghosting
Se faire ghoster, c’est faire face à l’inconnu. La première réaction est souvent la confusion. « Qu’est-ce que j’ai fait de mal ? Pourquoi ne me répond-il/elle plus ? » Ces questions résonnent profondément, souvent accompagnées d’un sentiment de culpabilité. C’est là que le ghosting devient plus qu’un simple arrêt de communication ; il devient le détonateur pour des mécanismes émotionnels plus profonds.
Le cerveau humain est programmé pour chercher des réponses logiques. Quand celles-ci manquent, l’esprit compense en créant ses propres explications. Cela peut entraîner une remise en question de soi, une baisse de l’estime personnelle, voire des épisodes d’anxiété et de dépression. Se faire ghoster ravive également souvent la peur de l’abandon. Sans contexte ou dialogue, les victimes se retrouvent à naviguer dans un vide émotionnel, ruminant les incertitudes, ce qui peut mener à une blessure profonde et durable
Pourquoi les femmes sont-elles particulièrement touchées par les effets du ghosting ?
Les femmes, plus que les hommes, sont souvent socialisées pour accorder une grande importance aux relations interpersonnelles. Dès notre plus jeune âge, on nous apprend à prendre soin des autres, à entretenir des liens et à être attentives aux dynamiques émotionnelles autour de nous. Inévitablement, lorsque cette dynamique est brisée par le ghosting, cela crée un choc plus intense, car il s’oppose aux valeurs qui nous ont été inculquées.
De plus, dans de nombreuses relations hétérosexuelles, les femmes subissent encore des pressions sociales qui les poussent à être moins assertives lorsqu’il s’agit d’exprimer leurs besoins ou d’exiger des réponses. Elles craignent souvent d’être perçues comme « trop exigeantes » ou « dramatiques » si elles demandent des explications. Cette peur du jugement renforce le silence qui entoure le ghosting et intensifie l’impact émotionnel de cette pratique.
Ghosting et dynamiques de pouvoir
Le ghosting est souvent une manière de fuir une situation où une discussion honnête serait nécessaire. Il représente un déséquilibre de pouvoir. La personne qui ghoste prend une décision unilatérale, tandis que celle qui est ghostée est laissée dans l’impuissance, sans possibilité de dialogue ou de clarification.
Dans le cadre des relations hétérosexuelles, cette dynamique de pouvoir peut être exacerbée. Les femmes sont souvent socialisées pour prioriser les besoins émotionnels des autres, alors que certains hommes peuvent se sentir plus à l’aise de s’éclipser sans se confronter aux conséquences émotionnelles. Le ghosting peut donc être vu comme une manière de maintenir une position de contrôle tout en évitant toute forme de responsabilité émotionnelle.
Comment se reconstruire après avoir été ghostée ?
Se faire ghoster peut laisser des cicatrices, mais il est possible de se reconstruire. Voici quelques conseils pour surmonter cette épreuve :
- Ne pas se blâmer : la première étape est de comprendre que le ghosting est le choix de l’autre, et non un reflet de votre valeur personnelle. Ce n’est pas à vous de porter le poids de ce comportement irrespectueux.
- Couper tout contact : si possible, éviter de chercher des réponses en relançant la personne qui vous a ghostée. Cela ne fera qu’entretenir la spirale d’anxiété et vous laisser encore plus frustrée.
- Parler à des amis ou à un thérapeute : extérioriser vos sentiments peut grandement aider. Un soutien extérieur, surtout d’amis ou de professionnels, permet de mettre en perspective l’expérience et de relativiser la douleur ressentie.
- Se recentrer sur soi : Utiliser ce moment de rupture pour se concentrer sur ses passions, ses projets et son bien-être peut aider à retrouver un équilibre émotionnel.
Le ghosting, une pratique à déconstruire
Vous l’aurez compris, se faire ghoster est une expérience déstabilisante qui touche beaucoup de femmes à cause des dynamiques sociales et émotionnelles qui leur sont imposées. Cette rupture invisible est non seulement une violence relationnelle, mais aussi un rappel des inégalités de pouvoir dans les relations hétérosexuelles. Pour y faire face, il est crucial de comprendre que cette pratique ne reflète pas la valeur de celles et ceux qui en sont victimes, mais plutôt le manque de maturité émotionnelle de ceux qui l’infligent.
Le ghosting n’est pas une fatalité. En déconstruisant les comportements qui l’entourent et en promouvant des relations basées sur le respect et la communication, nous pouvons créer des interactions plus saines et équilibrées. Au lieu de disparaître, confrontons le besoin de dialogue, même lorsqu’il est difficile. Car au final, l’honnêteté et la transparence restent les piliers d’une relation authentique.
Pour aller plus loin: https://www.youtube.com/watch?v=Cvni8JUTixI
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