Vous avez déjà probablement entendu maintes fois des gens dire qu’ils avaient peur d’échouer. Et pour cause, personne n’affectionne particulièrement l’échec (même s’il est salvateur). Toutefois, en se penchant sur la question de manière très binaire, on remarque que les femmes craignent davantage la réussite que leurs homologues masculins. La peur de la réussite, c’est l’envie profonde de réaliser ses objectifs – professionnels et personnels – tout en redoutant d’y arriver. nicol.e s’interroge et vous donne quelques pistes de réflexion sur la question.
Procrastination, autosabotage, abandon, dévalorisation : autant de symptômes qui entourent la peur de réussir. Intrinsèquement lié à la peur de l’échec, ce que l’on appelle le Syndrôme de Jonas, ne vient pas de nulle part. D’après la psychologie, il paraîtrait qu’il viendrait de plusieurs facteurs : manque de confiance en soi (jusque-là, personne n’est étonné.e), peur de ne pas être à la hauteur, peur du changement, du regard des autres.
Bien évidemment, il peut y avoir plein d’autres raisons. Néanmoins, la peur de réussir s’accompagne généralement d’un sentiment d’imposture, une certitude de ne pas mériter ce succès et un sentiment de culpabilité. Et ces émotions, elles sont davantage prédominantes chez la gente féminine. Mais pourquoi cela ?
Le syndrome de l’imposteur
Il est primordial de souligner que ce syndrome de l’imposteur n’est pas réservé exclusivement qu’aux femmes et surtout, ne touche pas TOUTES les femmes. De même que la peur de la réussite, il dépend de toute une série de facteurs, tels que l’éducation, l’environnement familial et les expériences personnelles.
Mais réussir, ça veut dire briller en société et ça, les femmes en ont bien moins l’habitude que les hommes – l’Histoire en soit témoin. Réussir un concours, obtenir un diplôme ou une promotion dûment gagnée, tout cela semble moins “naturel” pour les femmes. Je suis souvent surprise d’entendre les femmes de mon entourage minimiser leurs exploits là où elles glorifient les petites victoires masculines (vous savez, le fameux “il jongle avec les enfants et son travail”, ce que font 100% des mères sans que personne ne les félicite). Des travaux sur le phénomène de l’imposteur montrent que les femmes, même lorsqu’elles réussissent, peuvent avoir tendance à minimiser leur succès ou à se sentir comme des fraudeuses par rapport à leurs homologues masculins. Et si même elles ne déprécient pas leur travail, d’autres s’en chargeront à leur place (le sexisme et la concurrence entre femmes ont la vie dure).
Et si les femmes agissent de cette façon, c’est aussi parce qu’avec le succès s’accompagne une – prétendue – grosse responsabilité et de facto, une pression sociale supplémentaire.
La pression sociale de la réussite
Vous n’êtes pas sans savoir que notre société glorifie les résultats rapides, l’ascension sociale et les performances – réussies, évidemment. D’autant que quand on est une femme, il faudrait avoir du succès mais pas trop, au risque d’en déplaire à certain.e.s.
Une étude du Journal of Personality and Social Psychology suggère que les femmes peuvent éprouver une anxiété plus forte liée à la réussite, souvent en raison de stéréotypes de genre, de pressions sociales ou de la peur de ne pas répondre aux attentes (imposées par les autres ou par elles-mêmes). En effet, on attend des femmes qu’elles jonglent entre vie privée et vie professionnelle et qu’en plus de ça, elles le fassent bien. Qu’elles excellent sans broncher. Pas question de commettre des erreurs, de faire un burn-out ou d’abandonner un projet en cours de route (et surtout pas pour s’occuper des enfants). On attend d’une femme qu’elle soit sur tous les fronts et sans se plaindre – non mais comment ose-t-elle ?
Nombreuses sont les femmes qui choisissent donc des voies professionnelles ou personnelles où elles sont moins en compétition. Les environnements compétitifs sont davantage appréciés par la gente masculine : vous verrez davantage d’hommes dans des métiers commerciaux et plus de femmes dans les métiers du care, par exemple. Là où on ne se marche pas sur les pieds les un.e.s des autres pour gravir les échelons. De plus, elles sont souvent moins représentées à des hauts postes, ce qui accentue le sentiment d’imposture et une forme d’anxiété face au succès.
D’ailleurs, vous avez déjà entendu comment on parle des femmes qui ont des promotions dans les entreprises ? Pas étonnant qu’elles préfèrent rester à leur “petite place”.
Alors, que faire ?
Si vous avez peur de réussir ou de briller en société, sachez que vous n’êtes pas seul.e. On est ensemble dans ce combat. Retenez également ceci : vous méritez votre réussite. Je le répète : VOUS MÉRITEZ VOTRE RÉUSSITE.
Pour la vaincre, vous pouvez toutefois mettre quelques petites choses en place comme aller voir un.e psy ou un.e coach personnel pour déterminer d’où vient cette appréhension. Connaître les raisons de sa peur, c’est déjà la faire réduire de moitié. On peut ensuite beaucoup mieux l’affronter, en faisant de petites actions de réussite au quotidien. ça peut être quelque chose d’aussi minime que d’accepter un compliment plutôt que de se dévaloriser ou de changer de sujets. Rome ne s’est pas faite en un jour, votre confiance non plus.
De plus, rendez-vous compte du caractère unique que vous avez à apporter à ce monde. Personne ne fera les choses comme vous pour la simple et bonne raison que personne n’est vous. Cela signifie que vous pouvez faire les choses à votre image, qu’à cela ne tienne si ça déplait aux autres. Et évidemment, la réussite prend pleins de formes différentes, cela va sans dire. Acceptez de briller autant que vous le méritez.
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