Aller voir un.e sexologue? Pourquoi faire? Oser lui poser des questions si intimes? Des questionnements présents depuis un petit temps… En en parlant autour de moi, je me rends compte que je suis loin d’être la seule à craindre de franchir ce cap. Puis sur un coup de tête, je me suis lancée, c’est parti, j’ai rencontré Véronique Lovens, sexologue.
1) Aller voir un.e sexologue, pourquoi?
Véronique Lovens: Le métier de sexologue est là pour répondre à des questions, écouter la souffrance de l’autre et parfois se confronter aux doutes que les personnes peuvent avoir suivant leur vécu sexuel ou leur idée sur la sexualité. Les demandes sont nombreuses, je ne rencontre pas toujours la même chose. Et puis les personnes qui viennent me voir ne viennent pas toujours pour régler des problématiques.
Quelles sont les autres raisons qui poussent à consulter un sexologue?
Véronique Lovens : Soit de la recherche de fantaisie. Soit pour une crainte de tomber dans la lassitude alors qu’ils n’y sont pas, ils viennent alors plus pour faire de la prévention. J’ai aussi parfois des personnes découvrant une orientation sexuelle qu’ils n’admettaient pas par le passé.
2) Les personnes viennent-elles pour les mêmes raisons qu’il y a quelques années?
Véronique Lovens: Ça bouge pas mal. Les problèmes de base restent les mêmes comme, par exemple, un homme souffrant d’éjaculation précoce. En revanche, dans la question de « comment vit-on sa sexualité », « Qu’est-ce que les femmes souhaitent? » « Qu’est-ce que les hommes souhaitent? », là ça change. Par rapport au début de l’ouverture de mon cabinet, les personnes se battent beaucoup plus pour sauver leur couple. Alors qu’il y a 15 ans, si ça n’allait plus, ça n’allait plus. Si les deux personnes s’aiment encore, alors ils feront leur maximum.
3) Le sexe comme ciment d’un couple, que répondez-vous?
Véronique Lovens: Tout va dépendre du couple. Pour certains, oui et ils l’expriment clairement. Cela signifie que même si les autres domaines vont moins bien ça aura peu d’impact sur leur vie de couple parce que le sexe va bien. Un couple est déjà venu me consulter, car ils n’avaient des rapports que deux fois par an et se caractérisaient comme anormaux. Je leur ai demandé si ça leur posait un problème et ils m’ont répondu : « Absolument pas, mais lorsqu’on entend parler les personnes autour de nous, on se rend bien compte que ce n’est pas normal ». Ils se sentent tous les deux bien avec le fait d’avoir des rapports deux fois par an, ils n’ont donc aucun souci et ils n’avaient rien à faire chez une sexologue.
Il est “juste” question de trouver le bon équilibre au sein de la relation. Après, même si celui-ci est trouvé, il peut changer après quelques années, le couple peut évoluer. Je peux rencontrer des personnes me disant « quand je l’ai rencontré, il/elle n’était pas comme ça, il/elle a changé, … ». Oui, les choses ont sans doute évolué, il faut donc rediscuter, les aider, les accompagner afin de les réorienter.
4) Quels conseils donneriez-vous pour ne pas tomber dans une routine?
Véronique Lovens: C’est toujours LA question. Nous voulons toujours être un temps en avance sur ce que nous vivons. Pour répondre à cette question, il faut savoir comment le couple envisage les relations sexuelles. Par exemple, si les partenaires aiment les jeux, il faut en inventer de nouveaux. Il faut être à l’écoute de l’autre. C’est dur de répondre à cette question, car c’est extrêmement personnel à chaque personne, à chaque relation.
5) Un orgasme non atteint crée-t-il des frustrations?
Véronique Lovens: Après mai 68, le plaisir est devenu l’étalon de mesure. Il faut voir comment sa/son partenaire envisage la relation sexuelle. Il faut savoir en discuter pour pouvoir rééquilibrer le but et le sens de la relation sexuelle. C’est de se dire parfois, je peux trouver des choses très sympas sans nécessairement que mon/ma partenaire et moi-même atteignons l’orgasme.
6) Comment remédier aux blocages sexuels dans un couple?
Véronique Lovens: C’est toute la thérapie. Il faut pouvoir identifier d’où provient la cause de ce blocage. Si jamais il y a un manque de libido chez un des deux partenaires, ça veut dire qu’il n’y a peut-être plus de sentiment de sa part. Un blocage peut également être dû au fait qu’un des deux dans le couple est un amant excessivement passif et cela pose problème à l’autre qui est usé de n’être que l’actif. Le problème peut provenir du fait qu’un des deux soit plus créatif et qu’il en ait marre d’avoir ce rôle de locomotive. Des évènements de l’ordre « je t’ai toujours fait l’amour par devoir » et là paf, c’est fini, car le partenaire ne souhaite pas qu’on lui fasse l’amour par devoir. Il faut alors revenir sur cet événement en particulier. En bref, les causes de blocages sexuels peuvent être tellement nombreuses. Et encore une fois, c’est du cas par cas.
7) Fantasmer, c’est tromper?
Véronique Lovens: Ça va dépendre de la conception du couple. Il n’y a jamais personne qui est maître de la pensée, nous ne sommes déjà pas maîtres de notre propre pensée. Parfois, lorsque des individus font un rêve érotique avec une personne autre que leur partenaire; ils se sentent extrêmement mal à l’aise et ils culpabilisent de leur propre rêve. Pourtant, nous n’en sommes pas responsables. Il ne faut pas dramatiser. Si je suis toujours en train de fantasmer sur toutes les filles ou garçons que j’ai vu dans la journée oui, c’est vrai que ça devient un peu interpellant. Maintenant, est-ce que c’est pour ça que je tombe dans quelque chose qui présage du négatif? Je ne sais pas.
Je ne vous cache pas que mes questions sont encore nombreuses. Mais lors de cette rencontre, je remarque fortement le cas par cas. Chaque histoire, chaque relation est propre à chacun.e d’entre nous et mérite tout autant une réponse sur mesure. Plusieurs éléments me rassurent, tout ne doit pas toujours être vu comme une problématique, et même si c’est le cas, des solutions existent. Gardons dans nos relations ce qui la rend unique, écoutons-nous tout en trouvant l’équilibre qui lui sera propre.
Rendez-vous mardi prochain, 8h ❤️
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