Le sans-abrisme, une problématique bien réelle, l’invisibilité et les violences spécifiques que subissent les femmes en sont d’autres. Le problème? Une sous-représentation des femmes sans-abris. Oubliées, harcelées, violentées, en un mot: invisibles pour la société.
Des violences sexistes et sexuelles
Afin de comprendre comment vivent ou plutôt survivent ces femmes, je suis allée à la rencontre de certaines d’entre elles. Dans un centre de jour, je rencontre Céline (nom d’emprunt), elle me partage sa vie dans la rue. « La rue c’est difficile, surtout lorsqu’on est une femme », ses bras sont couverts de cicatrices témoignant de violences physiques qu’elle a pu subir. Elle exprime également les violences sexistes et sexuelles dont sont victimes les femmes sans-abris.
Des ongles pour se protéger
Je passe la journée avec Céline dans le centre. Elle me confie qu’elle profite d’être ici pour mettre du vernis, se maquiller, une manière pour elle de retrouver une féminité. La manicure lui demande si elle veut couper ses ongles, elle répond très spontanément en enfonçant ces derniers dans le mur: « non, mes ongles, c’est ma protection ». Une phrase tellement bouleversante et révélatrice de son quotidien. Il était hors de question pour elle qu’on lui coupe, c’est son arme de défense. À travers ses mots, elle me partage par quoi est rythmé son quotidien: la peur.
Pourtant, Céline ne prononcera jamais ce mot. La peur, je la constate par les stratégies qu’elle met en place pour se protéger, comme ne jamais rester seule. Ces mécanismes sont nombreux: certaines se mettent en couple pour éviter d’être violées, d’autres décident de se masculiniser dans l’espoir de faire fuir tout regard et désir masculin, elles se rasent les cheveux, portent des vêtements larges, se négligent…
Nous constatons les mesures qu’elles prennent personnellement pour se protéger et survivre dans le monde de la rue. Mais qu’en est-il des centres et aides mises en place pour les femmes sans-abris?
Des centres dominés par des codes masculins
La majorité des centres que je côtoie sont mixtes. Un problème, car la majorité des femmes sans-abris cherchent à fuir les hommes. Elles sont donc peu présentes dans les centres de nuit et l’angoisse d’être entourées de l’autre sexe prend le dessus sur le besoin de dormir au chaud. Ces lieux les confrontent aux mêmes peurs que dans la rue.
Je me suis dirigée vers un centre uniquement fréquenté et encadré par des femmes. Celui-ci les accompagne sur le long terme avec des règles plus contraignantes. Une d’entre-elles m’a partagé qu’elle commençait un nouveau travail, une autre une formation. Je rencontre des femmes avec des projets d’avenir et des yeux remplis d’espoir. Un élément pour moi fait la différence: un endroit réservé et pensé pour les femmes répondant davantage à des besoins féminins spécifiques, mais surtout un lieu offrant la sécurité qu’elles n’ont pas dehors.
Des centres pensés pour les femmes
Actuellement, les centres et les aides proposées pour les sans-abris ne sont pas du tout adaptés aux femmes. Nous avons une représentation masculine des personnes sans-abris. Comme l’explique Elodie Blogie, à la tête d’une étude-action sur les femmes sans abris, « Tant qu’on n’a pas une vraie approche de genre, qui est consciente aussi des rapports de domination que les femmes subissent, … On ne sait pas les accueillir correctement ».
Les besoins des femmes sans-abris se situent dans la nécessité de les sortir de l’invisibilité dont elles sont victimes aujourd’hui. Prendre conscience de l’existence du sans-abrisme féminin permettra de créer des lieux répondant à leurs besoins spécifiques. Les centres sont construits aujourd’hui pour l’homme et principalement par l’homme, de ce fait ils ne correspondent pas aux différentes réalités féminines. Tant que cette prise de conscience n’aura pas lieu, ces femmes resteront oubliées, harcelées et violentées. Il est temps d’écouter les besoins des femmes.
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