À l’heure de #MeToo et des porcs balancés, les langues se délient et la notion de consentement dans les rapports sexuels semble enfin sortir de son mutisme. Entrons dans l’ère du Non, c’est non. Pas de place pour la négociation.
En France, 9 femmes sur 10 disent avoir déjà subi des pressions pour avoir des rapports sexuels. C’est ce que relève une enquête menée par le collectif #NousToutes et reprise par Le Monde. Soyons honnêtes, ça nous est déjà arrivé à toutes. On n’a pas envie, on est fatiguée, on n’est pas disposée, mais on le fait pour “lui” faire plaisir. Parce que “lui”, il a besoin de faire l’amour, « bien plus que les femmes » (breaking new: c’est un cliché). La notion de domination masculine au lit est tellement intégrée dans les mentalités que certains automatismes sont devenus des évidences. Avec toutes les dérives qu’elle implique. Aussi basique qu’il puisse paraître, le consentement n’est pas compris par tous. Alors, c’est oui ou bien c’est non? Décryptons.
Non = non
Démarrons par une petite définition (une fois n’est pas coutume):
Selon le Larousse, le consentement se définit comme suit: « Action de donner son accord à une action, à un projet ; acquiescement, approbation, assentiment »
Quid du consentement sexuel, alors? Et bien le terme émerge dans les années 80 et apparait dans la loi à la même époque. En effet, la question ne se posait pas auparavant, protégée par le sacro-saint « devoir conjugal ». Le viol (et donc l’absence de consentement) représentait des actes sexuels hors mariage, et était un crime uniquement car il bafouait l’honneur du père, ou de l’époux, en résumé de l’homme auquel appartenait la femme… la seule victime donc.
Le consentement sexuel est donc une notion très récente (mes doigts souffrent en écrivant ces lignes). Serait-ce la raison du flou qui l’entoure? Un brouillard d’autant plus présent lorsqu’il est emmuré au sein du couple marié. Rappelons que le viol conjugal est un fléau dont plus de 31 000 femmes seraient victimes chaque année, selon les chiffres de legroupe.fr.
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Tu veux une tasse de thé?
Pour bien comprendre la notion du non, c’est non, une brillante vidéo YouTube compare le rapport sexuel à une tasse de thé. Simple, mais clair. Tout le monde comprend qu’on ne peut pas forcer quelqu’un à boire une tasse de thé. Pourquoi serait-ce différent avec le sexe?
Dans le même style, le Youtubeur belge Gui Home a récemment tourné une vidéo partenariat avec Amnesty International, dans laquelle il explique le #JDIWI, soit un ensemble d’astuces pour capter ce qu’est le consentement sexuel.
En écrivant ces lignes, une partie de moi est exaspérée de devoir parler de définition de consentement et de consentement sexuel. D’en venir à partager une vidéo sur une métaphore entre boire du thé et faire l’amour. Mais s’il faut en revenir aux bases, c’est parce que notre société est noyée sous des clichés de domination sexuelle masculine.
Il suffit de regarder du côté du cinéma: la femme ne veut pas être embrassée, mais monsieur la plaque contre un mur. Résultat? La voilà contrainte d’approuver. Madame n’a pas envie ce soir, mais monsieur insiste alors elle dit oui. Sans parler de l’horrible phrase: « Je sais que tu en as envie ». Entendue bien trop souvent. Récemment encore, Netflix a mis les pieds dans le plat en sortant 365 Dni, un film polémique, critiqué pour faire l’apologie du viol. En attendant, le film est en tête dans le classement de la plateforme de streaming, et prévoit même d’en faire un second numéro. Cherchez l’erreur.
Non, ce n’est pas de l’indécision
Depuis la petite enfance, on nous met dans la tête que les femmes ne savent pas ce qu’elle veulent, qu’elles changent facilement d’avis, qu’avec un peu d’insistance, un “non” se transforme facilement en “oui”. Foutaises, évidemment. Rouge à lèvres, talons, décolleté plongeant ou short… Ces éléments n’indiquent pas le consentement, contrairement à ce que certains hommes peuvent penser. C’est ce que martèle la campagne “Ceci n’est pas un consentement” lancée par l’association de lutte contre les violences sexistes et sexuelles HandsAway.
Rappelons aussi que:
- Oui, tu peux avoir envie maintenant, mais plus dans 30 secondes. Et ça ne fait pas de toi une allumeuse.
- Oui une fois, c’est pas oui pour la vie.
- Oui, tu peux porter de la jolie lingerie mais ne pas avoir envie d’aller plus loin.
- Oui, tu peux te mordre les lèvres juste parce qu’elles sont gercées ou parce tu as envie, mais pas pour t’envoyer en l’air.
- Oui, tu peux faire les yeux doux, danser, bouger, même te promener nue, ça ne veut toujours pas dire que tu veux quoique ce soit.
Oui ou non
« Coupable de dire non mais regretter de dire oui ». Cet article, criant de vérité, nous ramène à cette réalité. Pourquoi nous arrive-t-il de dire oui alors qu’on pense non? Parce que notre société éduque les petites filles à coopérer. Combien de fois la gentille petite fille sage n’est-elle pas appréciée pour sa discipline et sa complaisance? On la valorise lorsqu’elle fait ce qui est attendu d’elle, on lui apprend à faire plaisir, à penser aux autres. On gave les adolescentes de magazines girly remplis de bons conseils pour éveiller le désir de leur copain sans qu’aucun magazine masculin n’en fasse autant.
“J’ai peur d’être chiante”, “le problème doit venir de moi”,… Mille raisons peuvent pousser à ne pas dire non. La honte, la peur d’être jugée (et oui, encore une fois, la gêne s’invite dans nos lits!), la crainte de décevoir son conjoint ou même, de se décevoir soi-même.
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Mais alors, comment sait-on quand c’est oui ou non? Les articles sur le sujet pullulent sur Google: « Comment savoir si elle a envie? », « Comment décrypter les signaux érotiques? ». Comme l’explique Maia Mazaurette dans sa chronique sur le consentement dans le couple, la clé réside dans le fait de communiquer et d’être attentifs aux signaux faibles, ces petits signes corporels ou langagiers qui indiquent si votre partenaire (homme ou femme d’ailleurs) a envie ou non. Parce qu’en matière de sexe, une chose est claire: qui ne dit mot… ne consent pas forcément. L’harmonie, c’est aussi d’être synchros, de discuter, d’écarter toute gêne, d’écouter nos corps. Et ça va dans les deux sens. Observer les corps, les réactions, les bruits, être là et ressentir ce moment à deux. Your body, your choices.
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