La féminité est-elle un idéal que toutes les femmes doivent atteindre? Ou une construction sociale qui les manipule vers plus de servitude? J’ai ma petite idée.
Il y a quelques années, j’avais l’impression d’avoir “perdu” ma féminité. De ne plus être aussi sexy, féminine, aussi désirable. J’ai commencé à m’interroger: pourquoi? Est-ce un problème que je dois solutionner? La réponse est simple: la féminité est une construction sociale. Un tas de normes, d’injonctions et de complexes que je brûle d’envie de déconstruire. On y va?
Devenir une femme
Le Petit Robert dit que la féminité est un “ensemble de caractères stéréotypés correspondant à l’image sociale traditionnelle des femmes”. Son opposé: la virilité.
Cette définition démontre que la féminité est quelque chose de construit socialement. Et donc qu’il pourrait varier en fonction de la société dans laquelle on se trouve.
Il y a plusieurs siècles la féminité se gagnait par “rite de passage”. En épousant un homme en dehors de sa tribu/famille, on passait de fille d’un père à femme d’un époux. Il fallait donc appartenir à un homme pour devenir une femme et quitter le statut de fille. Ce n’est heureusement plus le cas aujourd’hui dans nos sociétés occidentales.
Qu’en est-il aujourd’hui? “Comment” devient-on femme? Je pense directement aux premières règles. C’est ce qui marque le passage de l’enfance à l’âge adulte dans l’imaginaire collectif. Pourquoi? Cette expérience de vie représente la féminité, la fertilité et la fécondité. Et là, ça coince pour moi: une femme en est une si elle est féconde. Mmhhh, pas trop validé.
Les codes de la féminité
La féminité est une caractéristique sensée être visible aux yeux de la société. Une femme doit être féminine pour confirmer son statut de femme. Sa féminité doit donc être visible et montrée pour “respecter” l’ordre établi et rentrer dans sa case et pas une autre. Pour différencier hommes et femmes. Ben oui, notre société aime classer et ranger dans des cases.
De nos jours, la féminité peut se traduire par l’habillement, le maquillage, la façon de bouger, de s’exprimer et j’en passe. Selon notre société, la féminité est une composante d’un rôle, d’une construction sociale qui permet aux femmes d’être acceptées et validées.
Une féminité consciente et libre
Tu connais la chanson: faut pas en faire trop, ni trop peu. Une femme peu féminine? Une camionneuse, brute et imposante. Une femme trop féminine? Une allumeuse, séductrice et vulgaire.
Et ça, dans toutes les situations. L’injonction d’être délicate et pas trop buyante se retrouve imprimée sur les packagings de nos tampons qui sont maintenant avec “ouverture silencieuse” histoire qu’on ne dérange personne et qu’on souffre en silence #tampongate.
Pendant cette période où j’ai eu l’impression de ne plus être féminine, je ne me sentais plus femme. Je ne me sentais plus désirable. J’ai commencé à chercher des “trucs et astuces” pour regagner ma féminité. En me retrouvant sur des sites internet qui conseillent des régimes pour perdre 20kg en 5 jours, j’ai vite déchanté. J’ai commencé à m’interroger et à comprendre qu’on m’a imposé une vision de la féminité construite de toute pièce dès mon plus jeune âge. Alors qu’elle devrait être personnelle et propre à chacun.e. J’ai donc déstructuré et déconstruit ce qu’était la féminité. J’ai gardé ce qui me convenait, consciemment et librement cette fois. Et j’essaie de mettre de côté l’injonction d’être féminine. Sarah, d’Histoires Singulières, m’a également ouvert les yeux sur le lien entre mon couple et cette question. Je suis dans une relation à long-terme, ce qui veut aussi dire qu’il n’y a plus qu’un seul homme pour “valider” extérieurement ma féminité et désirabilité. Je n’y avais jamais pensé.
Féminité VS Virilité
À l’opposé de la féminité, il y a la virilité. Assimilée à la force, l’énergie, au courage, à la vigueur, tout ce qu’on relie au masculin. Il est donc mal vu dans une société qu’une femme affiche de la virilité. Ce sont deux termes qui, théoriquement et socialement, ne peuvent cohabiter dans une même personne, ça trouble l’ordre établi et ce qu’on attend de nous. Quand c’est un compliment pour l’un.e, c’est une insulte pour l’autre. Dans les premières recherches sur Google: “est-ce qu’une femme peut être virile ?”. Ça te situe le niveau de patriarcat dans lequel on évolue.
Depuis très longtemps, la virilité des hommes leur a permis d’asseoir leur pouvoir et leur domination sur les autres (autant sur les autres hommes que sur les femmes). Cependant, il est intéressant de noter que le mythe de la virilité chez les hommes commence à s’évaporer (ben oui, repenser la condition de la femme c’est automatiquement repenser celle de l’homme). Notons qu’il existe presque autant d’injonctions de virilité chez les hommes que d’injonctions de féminité chez les femmes. En effet, les injonctions de la virilité se traduisent par des hommes qui ne s’autorisent pas à pleurer, à montrer leurs faiblesses ou à communiquer leurs sentiments. Aujourd’hui, de plus en plus d’hommes déconstruisent ces injonctions et ce rôle social qu’est la virilité.
La féminité se vit
Finalement, ce qui compte ce n’est pas de paraître féminine, pour les autres, mais de se sentir féminine, pour soi. La féminité est un ressenti, c’est quelque chose qui se vit, parfois plus fort, parfois moins intensément. Peu importe comment tu es habillé.e, maquillé.e ou chaussé.e, tu as le droit de te sentir féminine. Chacun.e devrait avoir sa propre définition de la féminité car elle vient de l’intérieur. Toi seul.e peut te faire sentir féminine. Et si t’habiller avec de la lingerie en dentelle te fait te sentir féminine (c’est mon cas en tout cas), c’est aussi ok. L’important, c’est la liberté de poser des choix et de les vivre.
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Il y a des femmes qui sont vieilles et il y a des vieilles qui sont femmes.
Ce n’est pas pareil.
Une femme d’un certain âge peut très bien se sentir sensuelle, belle, sexy ; cela n’a rien à voir avec l’âge, c’est un état.
Se sentir vieille en étant une femme enlève la sensation de féminité ; elle devient alors une dame âgée, comme nos grands-mères. Elles peuvent réconforter, consoler, écouter, cuisiner, dorloter… mais on ne les imagine pas avoir un rendez-vous galant en portant des sous-vêtements sexy au cas où la soirée se prolongerait jusqu’à la nuit.
Elles sont devenues des vieilles dames qui ne sont plus femmes.
On se demande pourquoi et à quel instant on peut basculer de l’un à l’autre.
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