Prologue
La femme est loin d’être libérée des stéréotypes de la bonne épouse avec des enfants. Jeune adulte, elle a droit à des remarques sur son célibat qui, selon certains, dure trop longtemps. La société lui renvoie constamment qu’elle devrait être en ménage et se trouver un homme. Parce que si tel n’est pas le cas, elle sera malheureuse et finira seule. C’est avec espoir qu’une fois son « prince charmant » miraculeusement trouvé, elle pense que la société la laissera respirer. Mais cette dernière n’en reste pas là. Parce que pour être une femme comblée, il ne suffit pas d’être mariée. C’est alors que les « c’est pour quand le bébé? » débarquent. C’est avec frustration et une pointe de désespoir que la femme se rend compte qu’elle n’est pas libre de ses envies. Comme si la société lui imposait en quelque sorte la bonne manière de vivre sa vie.
Une question sans réponse
Encore aujourd’hui, une femme qui ne désire pas d’enfant fait polémique. Bien que la parole se libère via les réseaux sociaux sur leur non-désir d’être maman, il est encore nécessaire de faire évoluer les mentalités.
Mathilde, jeune femme de 24 ans, nous explique qu’elle a grandi en se disant que, plus tard, elle aurait une famille, pour répondre au schéma « normal » d’avoir un mari et des enfants. Ah cette douce norme.
En réalité, elle nous partage qu’elle ne s’était jamais posé la question de savoir si elle en désirait ou non. C’était simplement l’ordre des choses. Jusqu’au jour où elle est arrivée à l’université. Elle a commencé à se questionner sur des sujets plus profonds. Aujourd’hui, cette question commence à l’oppresser. Son souhait? Ne pas être obligée d’y répondre et être complètement libre de sa réponse.
Justification obligatoire
Être une femme va encore et toujours de pair avec l’obligation d’être mère. Devenir maman est la normalité et si une femme ne le devient pas, elle doit alors se justifier.
La femme non désireuse d’enfant ne rentre tellement pas dans les cases de la normalité qu’elle en paraît bizarre. Elle se sent alors obligée de fournir des explications. Lors de la rédaction de cet article, deux interviews ont été réalisées: celles de Mathilde et de Justine, deux jeunes filles en couple du milieu de la vingtaine. Toutes les deux se sont senties obligées d’expliquer les raisons pour lesquelles elles ne désirent pas d’enfant, alors que nous n’avions pas posé la question du « pourquoi ». Comme si le « je n’en désire pas » n’était pas suffisant.
D’ailleurs, on prend conscience que ne pas vouloir être mère n’est pas « normal » quand la réponse à la fameuse question « est-ce que tu veux des enfants? » est NON et que la question qui suit est « pourquoi ». À l’inverse, si la réponse est OUI, elle n’est jamais suivie d’un pourquoi? Celle qui sort du « schéma classique » devra encore et toujours se justifier, parce qu’au fond la normalité guide notre manière de penser.
Face à ces codes de société si ancrés, existe-il une raison suffisante pour ceux qui posent la question? Après réflexion, il en ressort tout de même une « assez convenable »: celle de l’infertilité ou des problèmes de santé.
« Je me suis déjà dit que, si plus tard on me posait trop souvent la question, je répondrais que je ne peux tout simplement pas en avoir pour raison médicale. Comme ça, ça réglerait le débat. C’est plus simple à entendre pour les gens. Alors que c’est faux! C’est grave de devoir se dire qu’on va peut-être en arriver là. » – Justine
Des réflexions culpabilisantes
« Porter le fruit de la vie, c’est un privilège que tu ne peux pas refuser »
Même si certaines ressentent l’envie de fonder une famille depuis leur plus jeune âge, chez d’autres, malgré un conditionnement de la société déjà pas mal corsé, ce n’est pas le cas.
Ce n’est pas parce que nous avons la possibilité de devenir propriétaire que nous le devenons. Ce n’est pas parce que nous avons la possibilité d’aller au restaurant tous les jours, que nous le faisons. Ce n’est pas parce que nous pouvons adopter un chien, que nous l’adoptons. Alors pourquoi la société nous dit que si les femmes peuvent porter la vie, elles doivent le faire?
« Tu changeras d’avis plus tard, tu verras »
La femme n’a pas son libre arbitre et doit se référer à d’autres personnes, visiblement plus compétentes qu’elle, pour décider de ce qui est le mieux pour elle. Les personnes ne concevant pas qu’elle puisse ne pas vouloir d’enfant emploieront des mots comme « Tu verras, tu changeras d’avis plus tard », « Mais tu finiras seule si tu n’as pas d’enfant », « Tu es d’un égoïsme! ».
Et même s’il est vrai que certaines changeront d’avis et deviendront maman, il est essentiel que la société et les gens qui la composent comprennent que les femmes doivent être libres de ce choix et ne doivent pas être forcées dans la direction de « ce qui est vu et considéré comme normal et convenable ».
« Tu n’es juste pas prête mais ça viendra »
Être prête n’est pas forcément la raison principale à cette décision de non féconder. Cela peut être uniquement une histoire d’envie. Beaucoup plus difficile à concevoir et pourtant tout aussi réelle.
Un entourage oppressant
Nous pourrions penser, au premier coup d’oeil, qu’aujourd’hui les femmes sont libres de ne pas vouloir d’enfant. Sur le papier c’est le cas, mais qu’en est-il de la réalité? Les femmes sont-elles réellement libres de choisir sans être jugées? Libres de toute culpabilité et de pression quant à la maternité? Ne sont-elles pas dans une ambiance oppressante qui influence leur décision?
Justine explique que parfois, elle se pose des questions: «Pourquoi je ne veux pas d’enfants ? Est-ce que je peux/dois changer d’avis ? Mes raisons sont-elles suffisantes? Valables? ». Elle aimerait parfois se convaincre de changer d’avis. Mais à chaque fois, c’est la même réponse « non, non, je n’ai pas envie ». Mathilde, quant à elle, nous explique que, même si ses parents ne l’oppressent pas avec ces questions, elle sait qu’ils désirent devenir grands-parents. Ne pas leur donner cette chance lui donne un sentiment de culpabilité.
Le schéma de vie « classique » que la société nous renvoie constamment nous pousse à nous questionner sur les raisons de ne pas vouloir d’enfant et de s’assurer que celles-ci soient sûres et suffisantes. Mais si c’était la norme qui était faussée et qu’il fallait bousculer?
Pour faire évoluer la société et ses normes basées sur des constructions sociales, il n’y a pas d’autres solutions que la déconstruction. Questionner les normes et le monde qui nous entoure, trouver de nouveaux chemins plus inclusifs, égalitaires et respectueux.
Le rôle d’une femme n’est pas d’être mère, c’est d’être qui elle a choisi d’être.
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