Pourquoi nous faut-il encore un 8 mars?

Le 8 mars 2022 est la 45ème journée internationale des droits des femmes. Même si cette journée a été officialisée en 1977 par les Nations Unies, elle existe depuis bien plus longtemps. Aux États-Unis, en 1908, des socialistes ont créé le Women’s Day afin de dénoncer l’oppression que subissaient les femmes ouvrières. En 1910, Clara Zetkin, une socialiste allemande, inspirée par les Américaines, proposait d’organiser une journée internationale des femmes. Mais arrêtons là pour le cours d’histoire. Aujourd’hui, j’aimerais vous proposer une rétrospective de l’année 2021 pour vous démontrer l’importance de cette journée consacrée aux droits des femmes. Nous partons pour un tour du monde au fil du temps.

En mars, c’est une grosse farce  

Dès le lendemain du 8 mars 2021, une Liégeoise, Orlane Graindorge, a été agressée à son domicile après avoir lancé « Don’t cry, Talk », une ASBL venant en aide aux victimes d’agressions sexuelles. Quatre hommes, qui étaient contre son association, ont pénétré chez elle pour l’entailler avec un couteau à pain. Vous vous demandez pourquoi ce détail gore? Selon l’un d’entre eux, il s’agissait de lui laisser des traces « pour qu’elle s’en souvienne » (sic). (Sympa pour un lendemain de journée des droits des femmes). 

Je ne m’arrêterai pas uniquement sur les faits négatifs qui font partie du quotidien des femmes. J’ai également envie de célébrer les victoires qui sont survenues cette année, grâce à un combat qui est mis à l’honneur en cette journée. Je vous emmène dès lors au Kenya, où a été confirmé, le 17 mars, l’interdiction des mutilations génitales féminines. Même si, depuis 2011, l’excision était illégale, la secrétaire d’Etat, Rachel Shebesh, indiquait qu’elles avaient augmenté de 30% à cause du covid. 

En avril, c’est pas facile 

Le 2 avril, Leila Davis, danseuse professionnelle et chorégraphe, mais également égérie d’Adidas, affichait fièrement ses poils dans leur nouvelle campagne! Avec ce geste fort, elle questionne les normes d’une société qui juge que les poils « féminins » sont un problème. 

Même si le combat avance, il n’est pas encore gagné!  Le 6 avril, on entendait Fabian Lecoeuvre, dans une interview pour la webradio Arts-Mada, juger violemment le physique de la chanteuse Hoshi comme étant « trop effrayante pour avoir un succès ». 

Faisons une pause dans le temps et assistons au spectacle de la chaise musicale politique: 2 fauteuils pour 3 responsables. Les joueurs étaient Ursula von der Leyen, Charles Michel et Recep Tayyip Erdogan. Devinez qui s’est fait #sofagate? Malheureusement, ce n’est pas un jeu mais bien une inégalité de traitement. La scène a été largement diffusée via les réseaux sociaux avec cet hashtag. 

Rentrons au bercail pour le reste du mois d’avril! 7 arrêts de tram et de métro bruxellois ont été rebaptisés avec un nom de femme. Un changement dû à la Ministre Elke Van den Brandt, qui s’était engagée à féminiser l’espace public. 

En mai, tu ne feras pas ce qu’il te plaît

Le 12 mai, un texte de loi en faveur d’un plus grand quota de dirigeantes dans les entreprises a été adopté en France. La députée à l’origine de ce texte était très émue de cette avancée pour l’égalité des droits des hommes et des femmes. (Même moi, quand je regarde la vidéo, je verse ma larme). 

On revient, le temps d’une dégoûtante journée, en Belgique, où le 15 mai, une adolescente de 14 ans était victime d’un viol collectif dans un cimetière à Gand. Des photos prises lors des faits ont été diffusées sur les réseaux sociaux. Le 19 mai, cette jeune fille s’est donné la mort. (Oui, vraiment une dégoûtante (et triste) journée). 

Rentrons dans le monde de l’influence, des réseaux sociaux et de leurs dérives. Le 23 mai, Léna Situations a osé (OMG) poster une story d’elle, dans laquelle on pouvait percevoir qu’elle ne portait pas de soutien-gorge. Elle a ensuite été victime de messages sexistes et haineux. « Euh, le soutien-gorge, c’est pas en option » écrivait un hater. On ose lui dire que fermer sa bouche (restons polis) non plus?  

En juin, on ne s’en bat pas les reins 

Le 1er juin, Marlène Schiappa, la Ministre déléguée chargée de la Citoyenneté, prenait la parole sur la radio RTL. Elle nous informait d’une hausse de 42% des signalements de violences conjugales dans les Hauts de France et en Ile de France suite aux confinements


Allons faire un tour en Flandre et rejoignons Alynka, une étudiante de 13 ans qui, le 3 juin, sous un soleil de plomb (oui, ça arrive en Belgique), a osé porter un crop-top. (OMG number 2!). Son école d’Anvers lui a laissé le choix: fermer totalement sa veste et suer des gouttes (cachez moi ce ventre que je ne saurais voir) ou écoper d’un 0 à son test. À cause de la sexualisation du corps des femmes, celles-ci sont obligées de porter des « tenues décentes ». Parce que c’est bien connu, « Si vous portez ces tenues, ne vous plaignez pas de vous faire violer », propos qui ont été réellement tenus par un professeur le 9 juin dans un collège en France. 

En juillet, il vaudrait mieux faire le guet

Le 1er juillet, Pinterest marquait l’Histoire en devenant le premier réseau social à interdire toutes les publicités pour « perdre du poids » ! Pourquoi? Parce que « Partout dans le monde, toutes les générations sont confrontées à des difficultés liées à l’image corporelle et à la santé mentale, (…) »

En août, c’est kaput 

Le 15 août, Lizzo faisait face à une vague de commentaires haineux seulement 3 jours après la sortie de son single « Rumors ». Elle y a répondu à travers un live Insta: « C’est de la grossophobie. C’est du racisme. Et c’est blessant. » 

Attachez votre ceinture, direction la Nouvelle Zélande. Le 17 août, ce pays marquait également l’Histoire en considérant pour la 1ère fois le stealthing (fait de retirer le préservatif pendant l’acte sans prévenir son partenaire) comme un viol. Le tribunal a reconnu, en effet, la mise en danger de la santé mentale et physique de la victime. AMEN!

En septembre, ça pique comme le gingembre

Le 22 septembre en Pologne, Izabel décédait à l’hôpital, après le refus des médecins de mettre un terme à la grossesse qui la mettait en danger par peur des poursuites judiciaires. Elle sera la 1ère victime de la loi anti-avortement de ce pays.

De retour en France et dans le milieu politique, le 27 septembre, Xavier Bertrand coupait le micro de Marine Tondelier en pleine Assemblée, alors qu’elle essayait d’expliquer un point de vue. Le Président de l’Assemblée a utilisé un ton condescendant pour pratiquer du bon vieux mansplaining! Heureusement, Benjamin Lucas, un autre élu, a pris la parole et n’a pas hésité à le recadrer. Son discours m’a donné du punch et des frissons. 

Fin septembre, le #doublepeine est lancé par Anna Toumazoff. Grâce aux réseaux sociaux sans limite ni frontière, une multitude de témoignages, dénonçant la mauvaise prise en charge des victimes de viols dans les commissariats, ont été partagés. 

En octobre, il vaut mieux qu’on soit sobre 

Le 5 octobre, la Directrice départementale de la police nationale de Meurthe-et Moselle prenait la parole: «Concernant les femmes victimes de GHB, je vais peut-être être un peu dure mais je n’ai jamais vu une femme « victime » de GHB dans ma carrière qui buvait de la Badoit ou du Coca.» Ben dites donc, ça ne serait pas remettre la culpabilité sur les victimes ça? 

Avec ce genre de discours, on serait presque amené à penser que Clara aurait provoqué le garçon qui l’a violemment frappée au visage alors qu’elle rentrait d’une soirée à Lille le 9 octobre. Heureusement qu’elle a eu le courage de témoigner sur Twitter: « Éduquez vos fils et apprenez leur à se tenir, ça évitera à vos filles de finir choquées ». 

En novembre, à deux doigts de nous jeter dans la Sambre

Revenons à la capitale belge où, le 12 novembre, des Bruxelloises boycottaient les bars pour dénoncer l’inaction envers les agressions sexuelles. Les semaines avant, nous avions déjà pu voir qu’un mouvement se créait derrière le #balancetonbar, où des centaines de personnes agressées, violées, ou droguées dans des bars, témoignaient. 

Installons-nous dans notre fauteuil devant l’émission « Sept à Huit » du 29 novembre. Camille Lellouche y était interviewée et revenait sur les violences physiques et psychologiques qu’elle avait subies alors qu’elle n’avait que 19 ans. « Je souhaite que toutes les femmes arrivent à porter plainte, à avoir des gens autour qui les forcent à porter plainte. Vous verrez, c’est beau après. »

En décembre, on n’est pas safe dans nos chambres 

Le 15 décembre, Christelle Goemaere a été la 19ème victime de féminicide en Belgique en 2021. Je vous propose d’en rester là pour le mois de décembre afin de digérer cette douloureuse nouvelle.  

En janvier, les filles ne sont toujours pas conviées

En France, le 13 janvier, l’Assemblée Nationale votait à l’unanimité une proposition de loi pour que l’endométriose soit reconnue comme affection de longue durée. Cela signifie que les femmes qui en souffrent pourront bénéficier à 100% gratuitement des soins liés au traitement de cette maladie.

C’est reparti pour un petit road trip, direction la Bolivie. Le 31 janvier à La Paz, après avoir découvert les corps de deux jeunes filles de 15 et 17 ans, des centaines de femmes ont manifesté contre les violences sexistes et sexuelles et ont réclamé justice.  « Des femmes meurent chaque jour et nous normalisons ça » s’exclamait une manifestante. 

En février, il ne faudrait pas vriller

Le 8 février, nous avons tous entendu cette phrase « Non, mais calmez- vous Madame, ça va bien se passer », dite par Gérald Darmanin à Apolline de Malherbe (une belle démonstration de condescendance et de sexisme ordinaire). La journaliste le recadre et tout Internet également. Bad buzz, merci d’exister! 


La journée des droits des femmes est importante, tant pour célébrer les victoires, que pour se rappeler que le combat n’est pas encore gagné. En cette journée, j’aimerais vous demander d’y penser et d’en prendre conscience. J’aimerais remercier toutes les personnes qui aident à faire avancer la cause. J’aimerais envoyer toutes mes pensées aux victimes en tout genre de cette société patriarcale qui a tendance à (encore) opprimer et à oublier la moitié de sa population. 

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