Aujourd’hui, on pourrait croire que nous sommes toutes libres d’exprimer nos désirs et envies sexuels. Ce n’est pas vraiment le cas… Les femmes revendiquent depuis peu le droit à une sexualité plus ou moins libre et épanouie. Cependant, dès que nous faisons preuve d’une libido plus élevée que celle de notre partenaire masculin, ça a tendance à tourner au vinaigre. Cela pose également problème lorsque les femmes n’expriment que très peu ou pas de désir du tout. Vivre sa sexualité en tant que femme, un défi?
Le « besoin » sexuel, la bonne excuse
Le désir sexuel est défini comme « ce qui constitue les mobiles de l’activité sexuelle, qu’il s’agisse de la pulsion, de la libido, de l’appétit sexuel, ainsi que de l’intérêt, de la motivation et de l’excitation sexuels » (Larousse). Le besoin sexuel, quant à lui, n’a pas de définition dans les dictionnaires. Cependant, le mot « besoin » est déjà fort de sens: « exigence née d’un sentiment de manque, de privation de quelque chose qui est nécessaire à la vie organique » (Larousse). Le besoin sexuel serait donc un besoin nécessaire à la vie. Ce qui est totalement faux! Si on part de ce principe, cela voudrait dire que sans sexe, on finit par mourir. Je n’ai encore jamais entendu quelqu’un qui est mort car il n’a pas eu de rapports sexuels. L’exemple ultime étant les prêtres, les sœurs et toute personne promettant célibat à vie.
Le terme de besoin sexuel qui existe depuis toujours a été la justification de nombreux actes et façons de faire sexuelles qui ont perduré dans le temps. Heureusement pour nous, la société occidentale commence à évoluer. Par exemple, les épouses ne sont plus obligées de remplir le fameux « devoir conjugal ». En Belgique, la loi pénalise le viol entre époux depuis (seulement) 1989. La frustration ou l’excitation d’un homme ne sont plus (ou presque) une excuse d’attouchements sexuels ou de viols, et encore moins depuis #metoo. Le mouvement #metoo a révélé au grand jour la place du harcèlement sexuel dans le quotidien des femmes et grâce à lui, il est clair qu’aujourd’hui le harcèlement n’est plus une plaisanterie. Les gouvernements démocratiques actuels, espérons-le, ne passeraient plus sous silence des viols collectifs comme lors de la 2ème guerre mondiale. Je découvre avec horreur qu’entre 1942 et 1945, environ 17.000 femmes et enfants auraient été victimes de viols commis par des soldats américains en Angleterre, en France et en Allemagne. De tout temps et dans toutes crises, ce sont les femmes qui paient un prix. Elles et leurs corps sont toujours utilisés comme des objets lors des conflits pour assouvir les soi-disant besoins sexuels des hommes.
Femme libérée
En Europe, c’est dans les années 60-70, avec la généralisation de la pilule, que la liberté sexuelle est arrivée aux mains des femmes pour qui la finalité de l’acte sexuel se résumait jusqu’alors à enfanter. La sexualité peut être considérée comme une forme de pouvoir. Celui ou celle qui l’exerce prétend dominer l’autre. Cependant, il semblerait que la femme n’ait pas tout à fait le droit d’exercer ce pouvoir. Ainsi, elle empiéterait sur la sexualité des hommes en exprimant pleinement la sienne.
Lorsque la femme exprime sa sexualité et est décomplexée, la société nous juge. Une femme qui a un désir sexuel plus accru que son partenaire est considérée comme obsédée, accro au sexe, fille facile, il y a quelques décennies encore comme hystérique voire carrément nymphomane. La psychiatre et sexologue, Dr Mireille Bonierbale, explique que la perte de désir est le premier motif de consultation pour les femmes, alors qu’il n’est qu’en cinquième position pour les hommes (enquête conduite en France par Giami et de Colomby). Pourtant, les hommes qui ont plus de libido que leur partenaires, ça, c’est tout à fait normal. Cerise sur le gâteau, ils sont presque décrits comme des héros (des héros de quoi? Faut qu’on m’explique…).
Le « juste-milieu »
Comme expliqué dans cet article, selon la société patriarcale, il faut un « juste milieu » : « ne pas être salope, mais faire l’amour comme un porno. Nonne multiorgasmique » (Chloé Hollings, Fuck les régimes, 2016). C’est comme s’il y avait deux extrêmes possibles: d’un côté, les femmes qui ont trop de désir sexuel et de l’autre, les femmes qui ont peu ou pas de libido. Le problème semble simple mais les causes d’une baisse ou d’une faible libido sont multiples et infinies. Les hormones (merci pilule), les règles, les grossesses, le boulot, les enfants, la pression de la société, l’amour de soi, l’âge, le manque de communication, les sentiments, les interdits sociaux, l’éducation sexuelle, les expériences passées, l’état de santé pour ne citer que ce qui me passe par la tête. Et là, celles qui ne sont pas nymphos sont alors caractérisées de coincées, froides ou frigides.
En plus de nous imposer comment vivre notre désir sexuel et notre libido, les injonctions sur nos corps sont omniprésentes. La femme est un objet, un objet de séduction pour la pub, les films et les séries. Ces injonctions sont presque infinies: sensuelle mais pas vulgaire, avoir un travail mais être une bonne mère, avoir des enfants mais continuer à avoir une carrière, mince mais avec des formes, avoir envie de sexe mais pas plus que monsieur, se maquiller mais rester naturelle, vieillir mais rester jeune,… Bref, vous l’aurez compris, la femme est toujours trop ou pas assez.
Chacun sa sexualité
Peu importe nos actions et nos comportements, la société dans laquelle nous vivons continue d’imposer des normes aux femmes, de les juger et de les soumettre. Finalement, n’y a-t-il pas autant de sexualités qu’il y a d’êtres humains? Chacun et chacune se crée une sexualité qui est et restera unique; ce qui revient à dire qu’il n’y a pas vraiment de normes et de normalité dans la sexualité. La seule “norme” qu’il devrait y avoir est celle du consentement.
Sur ce, je vous laisse avec cette citation de Taylor Swift : « People are going to judge you anyway so you might as well do what you want ».
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