Pourquoi Instagram est comme ton ex toxique (il te gave mais tu l’aimes quand même)

Je suis accro à Instragram. Un post sur le clitoris, un Réel qui questionne l’hétérosexualité, des story pour partager mes humeurs. Je n’ai certainement pas inventé l’eau chaude, parler sexo, love et féminisme, c’est devenu monnaie courante. Qu’est-ce que c’est addictif. Par contre si tu creuses, c’est moins glorieux: algorithme, contenus vides, gratuité, argent… Insta, c’est devenu l’ex qui me prend la tête, mais qui me laisse pas partir.

Spoiler alert: si t’es en mode bonne ambi, ne lis pas ça (mais garde le pour plus tard).

Créativité et algorithme sont ennemis

L’algorithme Instagram, c’est le système qui filtre et classe les posts. C’est lui qui décide, selon certains critères (qui changent souvent) du classement des publications dans le fil d’actualité.

L’algorithme, c’est ton patron. C’est lui qui te dit (t’oblige) quel format privilégier, à quelle heure poster, quels mots utiliser (ou ne pas utiliser, hello s3x3, fellati0n et autres vestiges des années 2010). C’est aussi lui qui te coupe l’herbe sous le pied quand tu veux être créative. Je me suis questionnée, peut-on être créative sur un réseau qui cherche à reproduire ce qui fonctionne ailleurs (hello Tik Tok)?

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Nouveaux formats

Posts, carrousels, Reel, vidéos, IGTV, story, c’est la surenchère des formats. Pour faire plaisir à l’algorithme (et espérer toucher ta communauté), tu dois suivre ces tendances et utiliser les nouveaux formats. Ça laisse donc franchement peu de place aux posts créatifs. Il faudrait uniquement utiliser les musiques qui sont en tendance, les designs déjà vus 100 fois, les montages qui buzzent. À force de remettre en question constamment mes posts, de réfléchir à comment « faire pareil, mais avec ma personnalité », mon cerveau est anesthésié. Je ne sais plus ce que je pense, est-ce que j’aime ça ou est-ce que je suis forcée de l’aimer parce que « c’est ce qui marche »?

Mon cerveau est anesthésié.

Concurrence ou alliées? 

Je te laisse aller lire cet article si les mécanismes de l’influence sont encore flous pour toi, ou courir à la librairie pour acheter le livre de Elvire Duvelle-Charles. Si tu es familier avec ces nouveaux métiers, tu sais que pour beaucoup de monde, les réseaux, Instagram, c’est un travail. Qui dit travail dit argent, évidemment, et jusque là, rien à signaler. Là où je me questionne (oui, beaucoup de questions) c’est dans quelle mesure est-ce qu’un sujet engagé comme le féminisme peut être l’objet de publicité? Est-ce que l’argent biaise les luttes? Et franchement j’ai pas de réponse. 

Là où je suis gavée, c’est que le fait que ce soit un travail fait de tous les autres compte sexo des concurrents. Et là, je suis pas d’accord. Je suis profondément convaincue que plus on est à parler sexo, plaisir, féminisme, mieux c’est. On est toutes ensemble là-dedans et je trouve ça génial. Ça me gave moi-même quand je vois un super post et que j’entends ma petite voix intérieure dire: « merde t’aurais dû y penser à ce sujet pour faire un post! ». J’ai la profonde conviction et l’envie de voir tout cet écosystème comme un énorme pas en avant qu’on fait toutes ensemble. Mais Insta te bousille le cerveau et parasite tes pensées dans la course aux likes et aux followers, à la fame, et donc à l’argent. 

Ça me gave moi-même quand je vois un super post et que j’entends ma petite voix intérieure dire: « merde t’aurais dû y penser à ce sujet pour faire un post! ».

Contenu gratuit 

Justement, parlons argent. Et je me suis ENCORE questionnée. À quel moment tout est devenu gratuit? Quand est-ce que tout a basculé et des gens ont accepté, sans même qu’on leur demande, de travailler, de rechercher, de produire, de créer, pour zéro euro? Arrête-moi si je me trompe mais avant, on devait louer des livres en bibliothèques, acheter des cassettes, des places pour des conférence pour s’informer, non?

Alors non je ne prononcerais pas le « c’était mieux avant », parce que ça l’était sûrement pas, et que j’ai pas besoin de te vanter les mérites d’Internet et des réseaux. Mais permets moi de souligner le fait qu’on est maintenant habitués à ce que des personnes produisent toujours plus, toujours mieux, pour toujours moins que rien. Et là, ça coince. Pourtant, j’en fais partie et je contribue à ce que ce modèle perdure. Mais jusqu’à preuve du contraire, on ne paie pas un loyer en like ou un prêt en followers (pas encore?).

La valeur du temps

Louise Aubery de My Better Self en parle dans sa dernière vidéo Youtube sur les dangers de Tik Tok. Le contenu se consomme rapidement, donc il doit être court. Produire plus, plus vite pour être dans les tendances, produire souvent pour poster le plus possible, plus court pour être vu rapidement, plus qualitatif donc passer plus de temps à monter, créer. Tout ça pour que la durée de vie de ton contenu soit proche de … quelques secondes. Qu’est ce que ça dit de la valeur de notre temps? De notre temps de création, de production? De travail? Du temps qu’on accorde à prendre plaisir à regarder un contenu?

Produire plus, plus vite, produire souvent, plus court pour être vu rapidement, plus qualitatif, passer plus de temps à créer. Pour une durée de vie de … quelques secondes.

Cyberharcèlement

À l’heure ou je t’écris, je viens de me prendre mon premier commentaire haineux et dégueulasse. Et je viens de finir le film documentaire belge #Sale Pute réalisé par les journaliste Florence Hainaut et Myriam Leroy. Parfois, les coïncidences ont de l’humour. Alors j’ajoute ce paragraphe, sans savoir vraiment quoi dire ou comment réagir. Mais je ne peux pas parler des backstages d’Insta et de toute cette réflexion sans parler de la violence, du cyberharcèlement et surtout de la haine envers les femmes qui y est omniprésente. Jusque là, pas de solutions, aucune mesure. La seule solution que je trouve pour l’instant c’est d’en parler. Parce qu’ils ne nous feront pas taire.  


NON, je ne déserte pas Insta. Loin de là. Est-ce que je change ma façon d’envisager la plateforme? Oui. Est-ce que je repense mon rapport, ma relation un peu toxique avec Insta? Aussi. Certains moments sont là pour réajuster les choses, et je ne me sens plus alignée pour l’instant avec ce fonctionnement. J’ai besoin de retrouver du vrai, de l’humain, de me retrouver à travers mon contenu.

Alors te méprends pas: j’adore ce que je fais, et ce n’est que le début de Nicole. La vraie question (et là, je commence à voir une réponse se dessiner dans mon esprit), c’est comment et comment utiliser la plateforme pour qu’elle me serve plutôt que l’inverse? Comment ne pas être à la merci d’Insta mais inverser la tendance? Comment Insta peut me servir plus que ce que moi je lui sers? Comment ne plus être le pion des réseaux?

Je te laisse là-dessus. J’en ai déjà trop dit.

Source photo: The Custom Movement

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