Comment Instagram influence ta vie sexuelle

Facebook, Instagram, Twitter, TikTok: les comptes sexos se multiplient sur les plateformes. Même si l’algorithme censure et empêche ces comptes d’avoir autant d’abonnés que Kim K, ils prennent de plus en plus de place sur la toile. Mais comment on fait pour différencier le contenu de qualité et surtout, qu’est-ce qu’il y a à en tirer ? À l’ère où les cours d’éducation sexuelle se font sur Instagram plutôt qu’en cours de bio, comment s’approprier son plaisir en 2.0? 

La sexualité a toujours été pour moi un élément central. Je ne la plaçais pas délibérément au centre de mon existence mais on m’a toujours fait comprendre que pour garder un homme (dans les relations hétérosexuelles), il fallait coucher. Et le faire bien, de surcroît. Parce qu’on a tout.e.s interiorisé – inconsciemment ou non – l’idée qu’une femme, ça ouvre les jambes, sans rechigner, quand son mari lui demande et lui laisse faire son office pour qu’il soit heureux. Pendant longtemps, la sexualité a été un lourd fardeau et non une partie de plaisir. Souvent, j’ai eu le sentiment que le plaisir se déroulait sans moi. Et pour cause: je n’y connaissais rien du tout. 

Avant TikTok et Instagram

Je te plante le décor: je viens d’une famille où la sexualité n’a jamais été un tabou. Ma mère raconte fièrement ses histoires de cœur et de cul. Je suis la dernière d’une fratrie de trois filles, j’ai eu largement le temps d’entendre les déboires de mes sœurs avant de me lancer dans le grand bain de la sexualité. Et pourtant: à dix-sept ans, j’ai eu ma première relation sexuelle et c’était … un désastre. Malgré les nombreux conseils de ma mère, je n’avais jamais eu ni l’envie ni l’occasion d’apprendre à me connaître, à me toucher là où il fallait pour comprendre ce qui me faisait du bien et ce qui me plaisait. Alors, quand est venu ma première fois, j’ai vraiment eu du mal à comprendre pourquoi le sexe avait si bonne réputation

Evidemment, ma mère disait vrai (toujours écouter les mamans). Si tu ne te connais pas toi-même, ton ou ta partenaire ne peut pas te connaître non plus. 

#MeToo et éducation sexuelle

Tu n’es pas sans savoir qu’aujourd’hui, Instagram, TikTok ou encore YouTube influencent davantage nos vies que nos parents. Pour le meilleur, et pour le pire… Nouvelle vague féministe, #MeToo et propagation de la parole d’un côté. De l’autre, on ne compte plus les challenges dangereux et les nombreuses vidéos néfastes partagées par des comptes sexistes, racistes, homophobes et transphobes qui circulent sur ces plateformes. 

Notez également que le choix du mot « propagée » et non pas « libérée » concernant les témoignages après le #MeToo. Parce que la parole ne s’est pas libérée en 2018, elle était déjà libre bien avant. C’est juste qu’avec Facebook et Instagram, il a été possible pour les victimes de se réapproprier leurs histoires et de les partager, pour éviter à d’autres de subir la même chose. C’est là que la magie des réseaux sociaux opère et ça, c’est vraiment génial. 

D’autant plus qu’aujourd’hui, de nombreux comptes prônent des valeurs qui sont importantes. Pour ne citer que mon exemple, c’est grâce à @Jemenbatsleclito que j’ai appris l’existence de cet organe incroyable (souvent absent des cours de bio justement). @JouissanceClub m’a fait connaître l’existence du squirting (non, ça n’est pas de l’urine). Les conseils de @Orgasme_et_moi m’ont permis de trouver mon premier vibromasseur. Et les posts de @Mashasexplique m’ont aidé à normaliser les poils, les odeurs, les liquides, les bruits pendant un rapport sexuel (c’est-à-dire ce qui EST normal). 

Mais là où le bas blesse, c’est que suivre tous ces comptes Instagram (et encore bien d’autres que je n’ai pas cité), ça a engendré une drôle de réaction chez moi. 

De nouvelles injonctions à suivre

Pléthore de ces comptes prônent le plaisir pour tout.e.s et surtout, règle importante, le consentement. On ne le répètera jamais assez: on ne touche pas une personne qui n’en a pas envie (et ça compte aussi pour les enfants qui n’ont pas envie de recevoir un bisou de mamie au repas de famille. Le consentement ça commence très jeune, d’accord?). Pour Nicole, c’est une règle de base!

Mais ce que ces comptes ne disent pas, c’est qu’à force d’être abreuvé.es de toutes ces nouvelles règles – pourtant incroyables et extrêmement nécessaires -, c’est que ça peut être épuisant. C’est parfois accablant de connaître l’existence du plaisir prostatique et de, pourtant, ne pas vouloir l’essayer. Parfois frustrant de savoir comment on fait mais de ne pas savoir squirter. Et ça peut être fatiguant de lire ou d’entendre que c’est super important de jouir lors d’un rapport sexuel alors qu’on n’en a pas envie ou qu’on n’y arrive pas. 

Ce que ne disent pas non plus ces comptes, c’est que parfois, on n’a pas envie de faire l’amour pendant trois semaines, six mois, deux ans. Qu’on soit en couple ou non. Qu’on aime son ou sa partenaire ou non. Parfois, l’envie n’est pas là et c’est ok. Peu importe le temps que ça dure, peu importe la raison (si tant est qu’il y en ait une). 

Crée ton fil d’actu Instagram

Il serait peut-être important de rappeler que le sexe, même s’il est partout et tout le temps, n’est pas obligé d’être le centre de la vie de tout le monde. Votre voisine peut adorer coucher avec des hommes différents tous les soirs, votre compagnon peut détester avoir des rapports sexuels avec des inconnus, vous pouvez aimer faire l’amour seulement le jeudi soir. Et c’est très bien comme ça; il faut de tout pour faire un monde. 

D’où l’importance de choisir les comptes que tu suis. L’influence de ton feed Instagram n’est plus à prouver. Alors autant le créer en fonction de tes opinions, tes besoins et ton ressenti. Comment? Prends le temps de regarder le contenu du compte avant de t’abonner. Une fois que c’est fait, les posts apparaissent sur ton fil d’actualité sans que tu puisses voir la full picture du message du créateur.rice de contenu. Alors ça vaut la peine de prendre quelques minutes avant de cliquer sur « s’abonner » pour éviter d’être exposé à du contenu qui n’est pas aligné avec tes valeurs et tes besoins et qui au contraire te renvoie à des injonctions négatives.


Finalement, ce qu’il faut retenir, c’est que le sexe, ça peut se vivre seul ou à plusieurs, qu’on peut en faire ce que l’on veut et qu’il se fait quand l’envie est là. Ça veut dire: touchez-vous si vous avez envie, quand vous avez envie et aussi (peu) souvent que vous en avez envie. Puis, fais gaffe à qui tu suis sur les réseaux. N’oublie pas que tout le monde peut poster (et donc n’importe qui). Personne ne peut te dicter ta relation à la sexualité, et surtout pas Instagram.

Rendez-vous mardi prochain, 8h ❤️

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