L’ORGASME, MEILLEUR AMI DU CERVEAU?

Grimper aux rideaux, prendre son pied, monter au septième ciel… Tant d’expressions pour désigner une seule et même chose: l’orgasme. Mais finalement, c’est quoi l’orgasme? Tant désiré, parfois décevant, ou même jamais atteint. Le Graal est-il une fin en soi? 

Un rapport sexuel, souvent, ça se termine une fois que l’homme a éjaculé, reléguant l’orgasme féminin au second plan. Cette injustice vient du fait que l’orgasme masculin est nécessaire à la procréation. Le plaisir féminin – et donc l’orgasme – est étudié par le prisme du plaisir masculin. Mais au final, sont-ils réellement différents?

“Orgasme (selon le Larousse): point culminant et terme de l’excitation sexuelle, caractérisé par des sensations physiques intenses”.


Quand les animaux prennent leur pied

Elisa Brune et Yves Ferroul, dans leur ouvrage Le Secret des Femmes, écrivent que le sexe pour la reproduction est instinctif chez les animaux. On a la preuve de l’orgasme masculin grâce à l’éjaculation (alors que ce n’est pas toujours lié). Pour la femelle, c’est plus flou (ben voyons). Il n’est pas rare de voir des chattes manger leur pâté ou des vaches regarder les voitures passer pendant le coït. Comment interpréter cela?

Des recherches menées auprès de certaines races de singes lors des rapports semblent indiquer la présence de plaisir sexuel, via des signes comportementaux comme des cris ou des soupirs. Et ce, davantage pendant les attouchements que lors d’une pénétration. Aucune étude ne confirme toutefois qu’il s’agisse réellement de plaisir sexuel. D’ailleurs, Thierry Lodé, expert en sexualité à l’Université de Rennes, souligne “qu’il existe très peu de publications sur l’orgasme et le plaisir dans le monde animal. Non pas parce qu’on ne dispose pas des moyens pour enquêter, mais plutôt parce qu’on s’y est peu intéressé.”

Il n’est pas rare de voir des chattes manger leur pâté ou des vaches regarder les voitures passer pendant le coït. Comment interpréter cela?

Loin de moi l’idée de faire de cet article un documentaire sur la sexualité des animaux, mais on peut cependant se poser la question suivante: pourquoi les animaux continuent-ils à avoir des rapports sexuels en dehors des périodes prévues pour cela, si ce n’est car cela leur procure du plaisir? Vous avez deux heures.

Les 4 phases du kiff ultime

Revenons-en à l’être humain. Il se passe quoi dans notre cerveau pendant l’orgasme? En 1966, dans le livre Human sexual response, les psychologues et obstétriciens William Masters et Virginia Johnson (vous vous rappelez?), théorisent le déroulement d’un orgasme en quatre étapes. Selon leur théorie, la réponse sexuelle humaine se compose de l’excitation, du plateau, de l’orgasme et de la résolution.

Il y a donc d’abord l’excitation, qui correspond à l’érection et la lubrification. Ensuite, le plateau, qui n’est atteint que si la stimulation continue, et pendant lequel on observe une augmentation du rythme cardiaque et de la température corporelle, une accélération de la respiration et une tension musculaire. Les changements physiologiques sont identiques chez la femme et l’homme. Cette phase se solde, finalement, par l’orgasme. C’est le moment maximal de l’activité physiologique. Les hommes et les femmes ressentent plusieurs sensations subjectives de plaisir. S’en suit le climax, c’est-à-dire le moment de l’éjaculation pour l’homme. L’orgasme masculin dure en moyenne entre trois et dix secondes. Chez la femme, l’orgasme peut durer jusqu’à vingt secondes (on en a de la chance!). La réponse sexuelle se termine par la résolution. C’est le retour à la normale. Pour l’homme, s’en suit une période réfractaire pendant laquelle il ne peut plus atteindre d’orgasme.

Et le cerveau dans tout ça?

Il ne faut pas négliger le rôle du cerveau, qui est très puissant. Pensez aux rêves érotiques, qui nous permettent d’atteindre l’orgasme sans aucun contact physique. Ça mérite bien qu’on s’y intéresse, n’est-ce pas? Commençons par ue parenthèse scientifique (très courte, promis). Le cerveau et l’hypophyse lâchent des endorphines, une substance proche de la morphine, mais naturelle, et de la DHEA (une hormone antidépressive). Et ce, en quantité multipliée par cinq pendant un orgasme (oui, par cinq). Il y a quelques années, le docteur Barry Komisaruk et son équipe ont réalisé une expérience dans un hôpital du New Jersey. Ils ont analysé le cerveau d’une femme de 54 ans durant un orgasme à travers un IRM pour voir ce qu’il s’y passait clairement. Les résultats sont surprenants. Il semblerait que le cerveau agisse en trois phases.

Premièrement (en rouge), le cerveau est au repos. Ensuite il s’active et le système limbique se met en alerte. Il s’agit du système qui se charge des émotions et de la mémoire (en jaune). Pour finir, il y a le pic orgasmique, durant lequel une trentaine de zones s’illuminent et où le système de récompense et du plaisir est mis en alerte (jaune). En réaction à l’excitation, que ce soit pour la femme ou pour l’homme, le cerveau envoie l’ordre de déclencher un afflux de sang dans le pénis ou le clitoris. Le message passe donc toujours par le cerveau.

IRM du cerveau d’une femme pendant un orgasme réalisé par une équipe de médecins du New Jersey

Un orgasme plus “émotionnel”

Encore plus surprenant: bien que l’activité cérébrale pendant l’orgasme soit similaire chez l’homme et chez la femme, on remarque cependant quelques différences. Chez la femme, l’activité du cerveau va diminuer dans certaines aires, notamment en affaiblissant ses capacités de jugement et de raisonnement. Les parties de la mémoire, du toucher, de la récompense ou encore de la douleur vont être activées. Les zones qui concernant la peur et l’anxiété sont désactivées. C’est donc plutôt le cerveau limbique, appelé aussi le cerveau émotionnel, qui est activé pendant l’orgasme. Cela peut expliquer que l’orgasme féminin soit parfois plus long à atteindre. De plus, pour les femmes, pendant la montée orgasmique, un évènement perturbateur peut venir stopper l’état orgasmique. Chez l’homme, c’est la partie du cerveau dit reptilien – plus primitive – qui est sollicitée, comme c’est le cas pour les instincts primaires tels que la soif ou la faim. C’est donc un orgasme plus mécanique. De plus, un homme en pleine montée orgasmique va éjaculer systématiquement. Il n’y a pas de retour en arrière possible.


Ok, super, et donc on en retire quoi nous de tout ça? Et bien, l’orgasme, même s’il représente le point culminant de l’acte sexuel pour l’homme et pour la femme, n’est pas vécu ni atteint de la même façon. Il n’active pas les mêmes zones du cerveau chez les deux. Finalement, l’orgasme est un apprentissage, le résultat de la connaissance de son corps, et il existe autant d’orgasmes sur Terre qu’il y a de personnes. Il est parfois plus instinctif chez les uns, plus lent à se montrer chez les autres… Il n’y a pas de règles. L’important est de s’écouter, et  pour ça, il est toujours intéressant de comprendre ce qu’il se passe dans nos corps. Ça vous a donné envie d’explorer votre propre plaisir? “Oh ouiii”.

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