“T’as tes règles ou quoi?!” Oui, les femmes écoulent du sang dans leur culotte tous les mois et il serait temps d’assumer ces épisodes naturels, n’en déplaisent à ceux qui trouvent ça… répugnant. Mais pourquoi les règles font-elles couler tant d’encre?
“Les Anglais ont débarqué”, “J’ai mes ragnagnas”, “C’est la mer rouge”, “Je suis indisposée”… Les expressions sont nombreuses pour nous éviter de parler de règles dans l’espace public. En octobre 2019, la marque Nana faisait polémique, en publiant une vidéo intitulée “Viva la Vulva”, qui représentait des vulves à la télévision et qui — miracle! — affichait du liquide rouge, et non bleu, pour parler des règles. Une publicité avec des vrais morceaux de réel dedans, qui a dérangé les foules, le CSA enregistrant un millier de plaintes suite à sa diffusion.
C’est que, pour beaucoup, les règles sont liées à quelque chose de sale, d’impur. N’oublions pas que les protections hygiéniques ont été commercialisées en France en 1963, soit il y a à peine 57 ans… Pas très logique, pour un phénomène aussi naturel que celui d’uriner et qui touche, rappelons-le, la moitié de la population. La faute à qui? Pourquoi les règles restent un tabou?
Le flux, c’est flou!
Un petit retour en arrière s’impose, car ces préjugés datent pour la plupart de Mathusalem. Différents penseurs et philosophes y sont allés de leur petite analyse sur cette période de notre cycle. Pour Hippocrate, par exemple, le sang des règles servait à nourrir le fœutus pendant la grossesse. D’autres pensaient que ce sang permettait d’évacuer les toxines ou qu’il s’agissait d’une maladie. D’autres encore étaient persuadés que les femmes n’avaient pas de règles avant une certaine période (cela peut s’expliquer par le fait que les femmes tombaient enceintes très jeunes et enchainaient les grossesses…). En résumé: les règles ont longtemps été incomprises. Ce n’est qu’à la fin du 19e siècle qu’on relie enfin les règles à l’ovulation, sans pour autant y voir beaucoup plus clair.
Règles de sorcières
Pendant longtemps, on a donc attribué des pouvoirs maléfiques aux menstruations. Parmi les croyances les plus loufoques, celles comme quoi une femme réglée devait rester loin du vin ou des jeunes plantes, pouvait faire tourner une mayonnaise ou pourrir de la viande, rendre impropre à la consommation un pot de cornichons, faire rouiller sur-le-champ cuivre et fer et j’en passe. Sans oublier que la femme réglée deviendrait ingérable, nerveuse et irritable. Une vraie sorcière! En vérité, si la femme indisposée faisait si peur aux médecins (et donc, aux hommes à l’époque), c’est aussi parce qu’elle sortait de son rôle de femme-mère durant cette période. Réfléchissons: lorsqu’une femme a ses règles, c’est qu’elle n’est pas enceinte. Et une femme qui n’est pas cantonnée à son rôle de femme au foyer, cela suscite des angoisses…
“Ceci est mon sang”
Les règles ont aussi (et le sont toujours dans certaines régions du monde) longtemps été assimilées à des interdits religieux. Dans beaucoup de croyances, une femme est considérée comme impure lorsqu’elle a ses règles. Elle doit s’adonner à une toilette locale quotidienne et son mari doit éviter tous les contacts avec elle, la fuir et ne plus partager son lit avec elle. La femme réglée se retrouve isolée pendant sa période de règles, ne pouvant pas toucher le texte sacré ou pénétrer dans les endroits de culte, car elle risquerait de transmettre cette impureté. Châtiment sanglant…
Stop au blood-shaming
On pourrait croire que tout ça, c’est du passé. Mais ces croyances et théories pseudo-médicales continuent d’influencer le rapport du monde aux menstruations. Que celle qui n’a jamais caché son tampon en se rendant au petit coin nous jette la première pierre! Dans certaines régions du monde, au Népal, par exemple, les menstruations sont toujours considérées comme une honte et pendant leurs règles, les femmes doivent quitter leur foyer et vivre recluses dans une hutte. Les menstruations deviennent aussi facteur de déscolarisation, puisque les petites filles de plusieurs pays ne peuvent tout simplement pas se rendre à l’école pendant cette période.
Voilà pourquoi il faut continuer à briser le tabou autour des règles. Éduquer les garçons pour éviter une nouvelle génération d’hommes qui prend une mine dégoutée en entendant le mot mooncup. Apprendre aux jeunes filles qu’elles ne doivent pas avoir honte de leurs menstruations. Parce que se réconcilier avec son cycle, c’est aussi se réconcilier avec son corps, en reprendre pleinement possession et échapper ainsi aux règles absurdes du patriarcat.
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