Soumise, insoumise, qui suis-je?

Avant d’être une femme, j’ai été une petite fille bien innocente du monde qui m’entourait ou devrais-je dire du monde qui me construisait. Construisait? N’est-ce pas encore de l’innocence derrière cette idée du passé? Ne suis-je toujours pas entourée de constructions sociales m’éduquant à qui je dois être et pour qui je dois l’être?  Osons mettre les mots justes: en tant que femme, suis-je soumise? 

Soumises à une société

Avant de parler soumission pure et dure, je dois, peut-être, d’abord me demander « qu’est-ce qu’être femme? »  Dans mes recherches de définition celle-ci me semble la plus complète: « La première réponse doit être « je le suis » ; ensuite le deuxième volet de la réponse viendra, être femme est le devenir par un processus de construction sociale imposé dès la naissance, visant à constituer une classe sexuelle au service des hommes » (Clizia Calderoni)

« Construction sociale imposée dès la naissance » ? Donc cela signifie que l’on me dicte comment en tant que femme je dois me comporter? Qui je dois être? 

Des études menées montrent que oui, dès notre naissance nous sommes plongés dans une société nous attribuant des particularités en fonction de notre genre. Celles-ci sont si bien assimilées qu’elles finissent par nous sembler naturelles! Pour donner un exemple, une expérience montre que les pleurs d’un bébé sont interprétés comme le signe d’une tristesse, d’un chagrin si le bébé est une fille; de colère ou de contrariété si le bébé est un garçon. La société attendait donc de moi petite que je sois, douce, triste et passive. Cependant, on souhaite d’un petit garçon qu’il s’affirme et qu’il ait du caractère. Un autre exemple bien ancré dans la société: les jouets pour enfant. En tant que petite fille qui n’a jamais reçu une dinette? un bébé? une Barbie? En trois jeux, ce qu’une femme doit faire selon la société: s’occuper de la maison, des enfants et être belle. Combien de fois n’ai-je pas entendu « non tu ne vas pas acheter une voiture télécommandée, tu es une petite fille » et à l’inverse hors de question de voir un petit garçon jouer avec un aspirateur ou une Barbie.

La société attendait donc de moi, petite fille, que je sois, douce, triste et passive.

Ainsi, dès la naissance, voire bien avant, les filles et les garçons sont mis sur des rails différents.  Ils ne peuvent pas avoir le même destin puisque l’on va les solliciter et les stimuler de manières différentes, les conduisant ainsi à développer des qualités et des aptitudes distinctes. 

L’image que l’on veut renvoyer de la femme est le résultat de prescriptions sociales auxquelles il est difficile d’échapper et dont nous nous soumettons afin d’être considérées comme une femme

La soumission des femmes, une valorisation sexuelle

Maintenant que nous pouvons affirmer « être femme est le devenir par un processus de construction sociale imposé dès la naissance… » Qu’en est-il de la deuxième partie de la définition choisie: « …visant à constituer une classe sexuelle au service des hommes ». 

Lors de ma lecture du livre de Manon Garcia « On ne naît pas soumise, on le devient », j’apprends qu’on ne peut pas comprendre les rapports de genre si on fait abstraction de leur dimension sexuelle. Donc maintenant je me demande: existe-t-il une réelle hiérarchie dans la sexualité? Pour Manon Garcia « la hiérarchie et le pouvoir, c’est-à-dire la domination des femmes, (…) c’est ce que les hommes valorisent dans la sexualité » (p.54). Donc là, je me dis que ma soumission inculquée depuis mon plus jeune âge par la société est dans l’objectif de contenter les hommes.

On ne peut pas comprendre les rapports de genre si on fait abstraction de leur dimension sexuelle.

On m’inculque donc de devoir plaire aux hommes! Comment? Plaire en répondant aux codes sociaux c’est-à-dire aux critères de beauté. Prenons-en un: un corps parfait, essentiel et inévitable pour plaire. Nous arrivons à un constat fort: les femmes voient leur identité désignée par leur corps. Ce dernier indique comment nous devons être « La spécificité du corps des femmes, selon Beauvoir, est qu’il s’agit d’un corps social avant même d’être un corps vécu ». (Manon Garcia p.65). La femme est soumise à être conçue comme l’autre et pour l’autre

Le corps objet créé par l’objectification des hommes rend la sexualité dominée par l’homme. Nous sommes un objet à conquérir, à avoir. Nous sommes soumises au regard masculin et aux désirs de ceux-ci.

Une soumission passive ou active?

Il me reste un questionnement dans cette réflexion sur la soumission féminine: est-ce que je fais le choix d’être soumise? Manon Garcia constate une soumission active de la part des femmes. Elle explique dans son ouvrage, que la femme est dans un constant calcul de coûts-bénéfice entre la conformité aux normes de la féminité soumise et les « risques de la liberté ». Je choisis de me soumettre pour être récompensée. Il est donc bien question d’un choix de la soumission, et non d’une supposée essence naturelle ou innée.  « On ne naît pas soumise, on le devient » résume tellement bien les choses, nous ne naissons en aucun cas soumises, nous grandissons dans des codes sociaux dominés par l’homme qui nous apprennent à être soumise en récompense de bénéfice. 

Revenons-en au titre de cet article, soumise, insoumise qui suis-je? « La première réponse doit être « je suis une femme » ; ensuite le deuxième volet de la réponse est, je suis devenue femme par un processus de construction sociale imposé dès ma naissance, visant à être un objet sexuel au service des hommes ». Oui, je suis une femme et plus précisément une femme soumise à un tas de codes. Mais je grandis depuis peu dans une société où les langues se délient, les mentalités évoluent et où le changement naît, lentement, mais espérons-le, sûrement. Je complète donc ma réponse: je suis une femme, soumise, mais pleine d’espoir.


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